La mémoire libère chez Rachèle Rivière des vagues de création. Avant que les mots ne tombent dans l’oubli, l’artiste s’attache, comme Théodore Monot, à puiser dans la terre génitrice, la mémoire enfouie. Elle prend l’écriture à la lettre, voire parmi ses récents travaux : "L’Adieu au Verbe", "Pages noires", "One moment" qui nous interpellent sur les mots malmenés qui s’enfuient.
Rachèle Rivière dénonce un autodafé, montre du doigt ou plutôt "Des doigts et à l’œil", (titre de son exposition actuelle au Musée de la céramique à Biot), le fait que la lecture est menacée dans notre société.
Ainsi, scribe céramiste infatigable et engagée avec des procédés très élaborés de photos, gravures, typographie, sur des CDrom synonymes pour l’artiste de fragments de mémoire, Rachèle Rivière nous livre ses émois, ses pensées visionnaires qu’elle magnifie avec grâce, talent et équilibre.
Son travail monochrome, « used » est très abouti.
L’exposition de Biot est la quintessence de plusieurs années de recherche.
Rachel a trouvé sa voie, son style, son engagement… « Dans une société, dit-elle, où les mots ne sont plus. »
Notre artiste a fait de la mémoire sa source d’inspiration majeure, son Graal.
Elle fait du livre un étendard et rappela au passage que "La lecture honnit le bruit".
En hommage à la poterie provençale, elle grave encore des mots, des signes sur des coussins de livres en céramique. Voit de la poésie dans le nœud, la grâce d’un ornement, c’est « presque un mot » dit-elle encore.
Ce mot associé à un quasi-recueillement, au silence, l’artiste, voyageur infatigable à l’œil exercé fixe pour la mémoire collective les rapports étroits qu’entretiennent les Chinois avec la lecture.
Ainsi voir "Readers make books alive".
Do not disturb !