L’Espace Suzy Solidor, à Cagnes sur Mer, est un musée très discret, pas beaucoup plus grand qu’un mouchoir de poche, mais reconnu dans le monde
entier pour la qualité de sa collection de bijoux contemporains.
Ce qui place Cagnes sur Mer dans le cercle très fermé des "Villes et métiers d’art" pour son implication en faveur de ces créations encore peu connues mais révélant une révolution de l’histoire du bijou.
Lieu de recherche et d’exposition
Chaque année, un pays différent est invité à l’espace Solidor pour une grande exposition et chaque artiste fait don d’une création. Au fil des expositions le musée s’est doté d’une collection de 113 pièces qui représentent des "bijoux d’auteurs" de tous horizons. Éclatement des codes, nouvelles attitudes artistiques : pour ces artistes contemporains, l’or et le papier ou les capsules de bière sont placés au même niveau et l’amateur d’art n’en revient pas de retrouver des références à l’art abstrait, à l’art brut et conceptuel et au design.
Pour élaborer ces trésors - qu’on préfèrerait laisser à l’abri de leurs vitrines de verre plutôt que de les porter - ces artistes utilisent des matières inusitées et pittoresques. Leurs thèmes d’inspiration sont tout aussi novateurs. Ce qui est noble dialogue avec le commun, et le commun est magnifié. Les capsules de bière ont une seconde chance, on leur refait une beauté. Audacieux !
Les matières sont empruntées à l’industrie, trouvées dans la nature, ou récupérées. L’argent, le corail et la laine, les coquillages, les perles d’eau douce sculptées, l’acier inoxydable, le silex, l’altuglass, le cristal de roche, l’aluminium repoussé, le quartz, le polycarbonate, et le néoprène... La personnalité de chacun s’exprime à travers sa culture ou l’histoire de l’art. Rien d’abscons, les objets parlent d’eux-mêmes à travers forme,
matière. On leur trouvera une signification profonde, occulte.
Cédric Champeval Faletti livre un message qui jette un froid : côte à côte deux pistolets en papier et un pendentif réplique fidèle d’une balle, en or, montée sur une chaîne du même matériau.
Virtuoses : le Japonais Ritsuko Ogura le Hollandais Nel Linssen, traitent le papier et le carton et les transforment en de somptueux bracelets et colliers. La Finlandaise Janna Syvänoja torture les livres pour élaborer des bijoux qui ressemblent à des coquillages. Robert Smit emprunte à l’art abstrait pour sa lettre à "Madona delle Dolomiti" une plaque d’étain recouverte de grafittis multicolores...