LA MUSIQUE
Entre la rose légendaire d’Ispahan et la tulipe, symbole de la Turquie, il y eut durant des siècles, des échanges d’une fertilité rare.
La musique tout comme la littérature, la peinture, l’architecture et la calligraphie a connu à partir du 15ème siècle un essor sans précédent. Transmise dans sa forme la plus pure depuis les maîtres du passé, la musique persane/ottomane est maintenue vivante grâce aux grands musiciens d’aujourd’hui qui en ont recueilli le précieux héritage et en assurent la continuité et l’évolution. Cette musique classique, aux origines lointaines, s’édifie sur un système modal particulièrement raffiné. L’improvisation tient une place éminente sous diverses formes notamment par le processus de « thèmes et variations », dans le cadre de règles strictes. Selon les maîtres, improviser en sachant respecter l’esprit du mode révèle la science du musicien.
Etroitement liée à la poésie, tout comme la peinture et la calligraphie, la musique persane/ottomane est à la fois ardente et méditative avec des élans joyeux.
Le programme spécialement conçu pour ce concert, est inspiré particulièrement par des répertoires persans/ottomans des 17ème et 18ème siècles, mais aussi des incursions jusqu’au 21ème siècle, fruits d’une osmose, d’une culture transfrontalière dont le parcours s’étend entre deux cités mythiques : Ispahan et Istanbul.
LES INTERPRETES
ARASH MOHAFEZ
Né à Téhéran, Arash Mohafez a commencé l’apprentissage du Santour (Cithare à 72 cordes frappées) à 11 ans, puis pendant huit ans, il a suivi les masters class de maître Madjid Kiani, une référence incontournable pour le style ancien. Il enseigne le Santour depuis une dizaine d’années et a donné des concerts en Europe et en Asie. Son style, imprégné de classicisme, intègre aussi avec élégance les apports nouveaux qui ont fait évoluer cet instrument. Il est actuellement doctorant en ethnomusicologie.
ZIA MIRABDOLBAGHI
Se distingue des virtuoses de la percussion Tombak (tambour calice) et Daf (tambour lunaire) par sa rigueur dans l’accompagnement, sa fine perception des subtilités des pièces rythmiques et sa vaste culture musicale. Représentant de l’école ancienne, il a accompagné les meilleurs musiciens persans. Docteur en histoire de l’art et professeur certifié en musique, il a dirigé durant 27 ans, parallèlement à ses activités de concertiste international, le département des musiques extra européennes au Conservatoire National de Nice.
QUELQUES MOTS SUR LES INSTRUMENTS
En bois de noyer et sous une forme trapézoïdale, le Santur est un instrument dans la famille des Cithares sur table. Ses 72 cordes sont réparties en 9 rangés de 4 cordes en laiton et 9 rangés de 4 cordes en acier. Les cordes sont frappées à l’aide de fines baguettes en bois. Une maxime prétend qu’il faut une moitié de vie pour apprendre à jouer du Santur et une autre moitié pour accorder l’instrument !
Tourné dans le bois de noyer ou du mûrier, le Tombak est l’instrument d’accompagnement privilégié des mélodistes. Au 20ème siècle, le jeu de cet instrument à percussion s’est considérablement développé notamment par l’apport de Maître Téhérani. A excitation digitale, plus de cinquante positions de jeu caractérisent la technique du Tombak qui rivalise aujourd’hui avec le Tabla indien.
Tambour sur cadre circulaire ou tambour lunaire, le Daf est sans doute l’un des instruments à percussion le plus ancien en Perse. Avec sa sonorité profonde, il accompagna de tout temps les cérémonies de Sama des mystiques. De nouveau en vogue dans les ensembles, il apporte une stabilité rythmique aux instrumentistes mélodistes.