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Fin de cet événement Décembre 2014 - Date du 27 septembre 2014 au 20 décembre 2014

En situations

La rédaction vous conseille de filer au FRAC PACA découvrir En situations : Cinq commandes publiques photographiques du Centre national des arts plastiques avec les artistes Franck Gérard, Guillaume Janot, Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth, Olivier Menanteau, Philippe Terrier-Hermann. Un travail de recherches de plusieurs années qui vous donne à voir une Marseille riche des ses intensités et de ses fragilités !

Présentation par Pascal Beausse

« En situations » rassemble les recherches réalisées par six artistes à Marseille dans le cadre de la commande publique nationale. Pour chacune de ces commandes, il s’agissait de travailler dans un temps long, permettant une fréquentation approfondie des territoires marseillais : les territoires urbanisés bien sûr, mais aussi, en sortant de la ville, sur les chemins du GR® 2013, dans la transition entre monde urbain et naturel et l’entrelacement de ces environnements.

Ces représentations de Marseille et de ses environs ont été réalisées en dialogue avec les habitants et pour eux, à travers des ateliers, des rencontres, des collaborations.

Avec pour objectif de restituer aux marseillais une image composite de leurs situations concrètes de vie, de l’action publique et politique qui les conditionnent, mais aussi de la façon dont des imaginaires, les leurs et ceux des artistes, étaient en mesure de se rencontrer pour présenter l’arrière-plan des réalités quotidiennes : l’intime, le rêve… en somme, tout ce qui échappe aux représentations spectaculaires.
Ces artistes ont donc travaillé en des situations bien précises : des situations humaines, des situations de travail artistique au coeur de la vie. En résulte un « portrait de ville », qui ne prétend pas tout dire de Marseille et de ses habitants, de la
richesse et la complexité d’une telle situation urbaine et suburbaine. Pour chacun de ces artistes, il s’agissait d’approcher des lieux bien précis, au plus près d’un temps vécu et partagé, dans la découverte et le dialogue. En marchant dans la ville et sur ses chemins, en proposant et en échangeant des images.

L’exposition présente une diversité de formes photographiques, qui correspond à la spécificité du langage de chacun des artistes.

Chacune est informée par la manière dont les images sont présentées et mises en circulation dans l’espace public : l’affiche, le poster, la grande bâche imprimée, la cartographie, le journal, la carte postale. Des stratégies documentaires sont mises en oeuvre par Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth pour représenter le territoire et ses mutations. Ce travail d’observation se poursuit pendant dix ans, avec des habitants volontaires qui deviennent photographes « adoptants » d’un paysage.

Olivier Menanteau s’insère dans le monde médiatique, en devenant un photographe supplémentaire de la rédaction du journal quotidien la Marseillaise. Aux côtés des journalistes, il représente le personnel politique dans les lieux de décisions
locales et nationales en reliant Marseille et Paris.

Guillaume Janot restitue sur les murs aveugles de bâtiments des quartiers Nord des fragments observés dans les maisons de ses habitants, en passant du quotidien à la rêverie pour évoquer l’ici et l’ailleurs qui s’assemblent dans des expériences
de vie quotidienne.

Philippe Terrier-Hermann met en scène des acteurs du cinéma et de la télévision dans les situations de photographies de plateau, restituant un film imaginaire sur les panneaux d’affichage qui reçoivent habituellement les publicités.

Franck Gérard se plonge dans la vitalité et la richesse de la vie marseillaise, de ses intensités et ses temporalités, au gré des promenades, des dialogues avec les gens. Il observe des éclats poétiques au quotidien, à travers la manière dont chacune et chacun de ses concitoyens transforme la ville par ses gestes, ses pratiques de l’espace.
L’accrochage au plateau expérimental du Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur restitue ces différentes modalités de travail et de mise en forme de la photographie, jusqu’à la mise en mouvement des images.

L’exposition rejoue la manière dont toutes ces images se sont insérées dans l’espace public, puisqu’elles en proviennent et qu’elles lui étaient destinées.

Le centre de documentation du Frac complète l’exposition, en présentant des documents de travail, des études, des publications, pour restituer les différents moments de ces recherches.
À l’issue de l’exposition, ces commandes seront mises en dépôt par le CNAP dans les collections du Frac Provence- Alpes-Côte d’Azur, afin qu’elles puissent servir sa programmation, être montrées en d’autres occasions, et enrichir ses collections. Ainsi les oeuvres issues de la commande publique nationale rejoignent les lieux sur lesquels les artistes ont travaillé.

LES ARTISTES ET LES PROJETS

Paysages usagés, observatoire photographique du paysage depuis le GR ®2013

Commande publique à Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth

Après la présentation du projet Paysages usagés, Observatoire photographique du paysage de Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth lors de temps forts dans le cadre de la manifestation « Marseille-Provence 2013 », la commande publique est ancrée dans la durée par le biais de trois supports :
 une double page dans le Topoguide du GR2013 montre 30 photographies et le positionnement sur les cartes des points
de vue réalisées par les artistes de Picto et de l’appel à l’adoption en vente sur www.ffrandonnee.fr
 un coffret de 100 cartes postales des points de vue de l’observatoire aux Éditions Wildproject
 et un site internet dédié à l’opération. www.opp-gr2013.com
Observatoire photographique du paysage depuis le GR®2013 2012 – 2022
100 Photographies de Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth

Cet observatoire documente la grande richesse des paysages de la métropole qui révèlent un frottement perpétuel entre ville et nature.
Il consiste à mettre en place sur un territoire, un système de veille photographique des paysages grâce à la reconduction périodique et régulière. Les photographies réalisées dès 2012 intègrent le parcours de ce GR encore non balisé, en le matérialisant par le dessin d’un trait blanc parcourant l’image.

Projet artistique de représentation des paysages usagés de la métropole, il souhaite interroger le protocole des Observatoires du Paysage en inversant les notions de commanditaire/commandité, et en considérant les images produites comme proposition d’analyses et non comme illustrations de problématiques connues.
À l’invitation des photographes, un comité de pilotage composé des artistes du Cercle des marcheurs, de géographes, de paysagistes et d’aménageurs a accompagné les artistes dans leur appropriation et leur connaissance du territoire.
Enfin, un volet participatif propose au public d’adopter 70 des 100 photographies pour en assurer les reconductions pendant les dix prochaines années. Les 30 restantes seront reconduites annuellement par les créateurs de l’OPP, Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth.

Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth Observatoire photographique du paysage depuis le GR®2013 2012 – 2022, 2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Geoffroy Mathieu et Bertrand Stofleth

Geoffroy Mathieu est né en 1972, photographe, vit et travaille à Marseille.

Il est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Il s’intéresse aux paysages en mutation (Mue, paysages autour du chantier du viaduc de Millau, éditions Images en Manoeuvres, 2005) aux territoires ruraux (commandes d’Observatoire photographique du paysage en collaboration avec Bertrand Stofleth) ainsi qu’aux métropoles méditerranéennes (Dos à la mer, promenade en méditerranée urbaine, Filigranes, 2009 et Marseille, ville sauvage, essai de Baptiste Lanaspeze, Actes Sud 2012). www.geoffroymathieu.com

Bertrand Stofleth est né en 1978, photographe, vit et travaille à Lyon.

Il est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Son travail explore les modes d’habitation des territoires et interroge les paysages dans leurs
usages et leur représentation : à travers des commandes d’Observatoire photographique du paysage en collaboration avec Geoffroy Mathieu mais aussi depuis 2008 avec la série Rhodanie, paysages déclassés, exploration des rives du fleuve
Rhône de sa source à son embouchure. (projet soutenu par l’UE, la DRAC Rhône Alpes et les régions traversées). Ces travaux se poursuivent en centre urbain dans le cadre de résidences artistiques (Chambéry, Bron). www.bertrandstofleth.com

Mediagenic - la Marseillaise

Commande publique à Olivier Menanteau

Mediagenic - la Marseillaise, est une commande publique du ministère de la Culture et de la Communication - Centre national des arts plastiques, à l’initiative des journalistes de la Marseillaise. « Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture » (Atelier de l’euroméditerranée) et le journal la Marseillaise ont contribué à sa réalisation. Mediagenic - la Marseillaise d’Olivier Menanteau a fonctionné (du 3 juillet 2013 au 20 octobre 2013) comme une agence de presse. Elle a fourni au journal la Marseillaise des images d’actualité, en dehors de ses canaux habituels.

Une agence de presse
Dès le 3 juillet 2012, date de la déclaration de politique générale du gouvernement au Sénat, l’oeuvre suit, au rythme de son unique opérateur Olivier Menanteau, l’activité de la vie politique en France. Ses images sont mises en ligne sur un compte Flickr et les journalistes de la Marseillaise peuvent les consulter et les télécharger pour illustrer leurs articles ou le site web du journal. Leurs choix décrivent les rapports spécifiques que ce quotidien indépendant entretient avec l’image du monde politique.
L’artiste a imaginé cette démarche comme une étude sur « le fonctionnement et la circulation des images qui paraissent chaque jour dans les médias » . Il s’est donné pour contrainte de planifier ses journées « comme le ferait un rédacteur en
chef avec ses journalistes : emplois du temps institutionnels, accréditations, suivi de l’actualité politique, traitement de thèmes spécifiques au journal la Marseillaise ». Cependant, ses outils et sa méthode sont différents : il utilise une chambre photographique grand format et des procédés photographiques analogiques traditionnels.

Comme il a pu le réaliser pour d’autres projets, il vise à être « l’observateur attentif qui va montrer les processus relationnels qui accompagnent la parole publique ».

Il définit ainsi son objectif : « Je tente de révéler les positions de réversibilité auxquels sont soumis les protagonistes des espaces de représentation politique. Malgré les contraintes protocolaires, je cherche « la beauté intrinsèque de la réalité », comme dirait Beaumont Newhall à propos de la photographie aérienne. Le Sénat, l’Assemblée nationale, l’activité de Matignon et des ministres du gouvernement sont mes terrains d’observation favoris ».
La commande publique à Olivier Menanteau s’est inscrite dans le cadre des Ateliers de l’EuroMéditerranée (AEM) de Marseille-Provence 2013. L’exposition Le Pont au [mac] musée d’art contemporain a accueilli le travail de l’artiste, en exposant la commande au siège du journal la Marseillaise. L’édition papier et internet de la Marseillaise a publié des photographies de l’artiste pour illustrer ses articles, et toutes les photographies sont visibles sur un Flickr. https://www.flickr.com/photos/81505...

Olivier Menanteau Série mediagenic-la Marseillaise, 2012-2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Olivier Menanteau - Galerie Florent Tosin, Berlin / CNAP

Olivier Menanteau est né en 1956 à Salon-de-Provence (France).

Il est diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 1987, Olivier Menanteau mène depuis la fin des années 1990 un travail de photographe et de vidéaste. En accompagnant les groupes les plus divers dans des salles de
réunions et de conférences, dans des institutions parlementaires, il cherche à montrer comment les codes de représentation des systèmes culturels et médiatiques s’inscrivent dans l’espace et dans la relation du corps à sa fonction sociale. www.cnap.fr/olivier-menanteau

Marseille - Marseille

Commande publique à Guillaume Janot

La commande publique du Centre national des arts plastiques à Guillaume Janot a été présentée du 6 décembre 2013 au 6 juin 2014. L’oeuvre rassemblait une installation de six images grand format et de six images moyen format qui constitue
un parcours urbain, à faire en train, à pied, en bus et en métro. Cette installation, à l’échelle de la ville évoque le voyage et l’ailleurs, dans un territoire où l’artiste a travaillé en résidence pendant 20 mois avec des habitants des quartiers concernés.
Le parcours est accompagné par des médiateurs issus de la résidence.
Le titre, Marseille - Marseille, visait à signifier une sorte d’aller-retour.
Les images qui composaient le parcours ont été prises à Marseille. Elles évoquent un ailleurs, tout en restant ancrées sur un territoire ; elles portent également l’idée du voyage.
L’intention de l’artiste était d’évoquer l’identité forte de la ville et l’attachement de sa population à Marseille qui, dans sa riche diversité, est composée de gens de cultures et d’histoires très différentes.

« C’est un port. On y arrive, on en part : Marseille - Marseille. Un « ici » en même temps qu’un « ailleurs ». »(Guillaume Janot)

Marseille - Marseille, un projet à l’échelle de la ville, en minuscules

Installer des images photographiques grand format dans l’espace public n’était pas nouveau, surtout à Marseille où la publicité a déjà pris possession de la ville, avec ses moyens et ses facilités visuelles. L’une des originalités fortes du projet de
Guillaume Janot résidait dans la création d’un véritable parcours urbain, qui évoque la ville dans ses représentations et dans son rapport à sa propre image. Ce projet la questionne également en terme de déplacement, de géographie urbaine, de
développement économique des quartiers, ou de circulation des personnes. Le choix de la Gare Saint-Charles comme point d’ancrage du parcours urbain fut à ce titre exemplaire.
La deuxième problématique de l’artiste aura été de faire coïncider la réalisation des images avec leur installation possible sur les murs de la ville, sans pour autant modifier la nature même de son travail, sans forcer le trait vers le spectaculaire. Il
a produit des images qui s’inscrivent dans son parcours artistique, et témoignent de sa présence à Marseille, de l’identité forte de la ville, et de son attachement à ses habitants. Troisième axe fort dans ce parcours urbain, véritable musée à ciel
ouvert, ces images d’une grande tranquillité marquent cet aller-retour Marseille - Marseille. Marseille l’impulsive, la brûlante, la violente.
Sur les murs bouillants de la ville figure le calme apparent des images de Guillaume Janot : des arbres miniatures, des fontaines verdoyantes, des plafonds en stuc ou des faux jardins japonais. Une des grandes réussites de cette commande marseillaise réside dans ce paradoxe, qui finalement lui ressemble comme deux gouttes d’eau.
Le visiteur a pu découvrir les images depuis sa fenêtre, en sortant du métro, en roulant dans la ville ou même en arrivant du TGV. Il a pu aussi prendre le train pour Picon-Busserine, marcher jusqu’à Saint-Barthélemy, prendre le bus pour La Rose. La possibilité lui était offerte d’inventer son propre parcours, sans idées préconçues, pour faire en quelque sorte un voyage de Marseille à Marseille.

Guillaume Janot Marseille-Marseille, 2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Guillaume Janot / Les Ateliers de l’Image

Guillaume Janot est né à Nancy en 1966. Il enseigne à l’École des Beaux-Arts de Lyon.

Sa pratique photographique, essentiellement liée au voyage et au déplacement, questionne le statut de l’image et ses usages en oscillant entre documentaire et fiction, réalisme et faux-semblant.
Refusant de se soumettre aux normes des genres photographiques, alternant portrait et paysage ou mixant l’un sur fond de l’autre et vice-versa, il photographie avant tout des lieux de passage. Sous une esthétique banale apparemment convenue, les images se rapprochent du genre de la photographie amateur, portrait ou paysage de carte postale, mais sont bien trop maîtrisées pour en être réellement.
Son travail contraste avec les habituelles images véhiculées par la publicité et les médias en allant volontairement jusqu’au cliché. Sous cette apparente simplicité, on discerne la société à l’état brut avec son lot de solitude, de violence, et de banalité dépourvue de pathos. Ses images jouent sur plusieurs niveaux de discours, en maniant le symbolique et en assumant les séductions de belles images. www.guillaumejanot.com

La trilogie française

Commande publique à Philippe Terrier-Hermann

La trilogie française est une série de 62 photographies réalisée par Philippe Terrier-Hermann avec 25 comédiens dans six régions françaises. Philippe Terrier-Hermann a réalisé en 2012 une série de photographies intitulée La trilogie française. Ce travail pour lequel l’artiste s’est entouré de comédiens français, met en évidence l’influence de l’imaginaire cinématographique sur les représentations des territoires. Tirant parti des rapports entre cinéma, paysages et représentations, ce projet a été visible sur le territoire national à partir du mois de mai 2013, à travers un système de diffusion original empruntant aux stratégies publicitaires.

Des photographies dans le quotidien

Les photos ont été exposées sur des panneaux publicitaires CBS Outdoor dans l’environnement même où elles ont été prises, sans texte ni explication, invitant le public à redécouvrir ses propres paysages quotidiens.

Chaque individu est confronté au mystère qui entoure cette série de photos : s’agit-il d’une annonce publicitaire, et pour quel produit ? Le détournement de ce mode d’affichage, habituellement réservé aux messages publicitaires, met en abîme la présence démesurée de l’image dans notre champ visuel et la généralisation de l’industrie culturelle, avec ses méthodes marketing parfois identiques à celle des produits de grande consommation.
Clin d’oeil ludique au jeu de piste, une carte postale permet à chacun de s’approprier les images, et pourquoi pas de les accumuler dans l’idée de retracer l’itinéraire complet du projet, du Havre à Marseille. Troisième et ultime support visuel de La trilogie française, le catalogue restitue intégralement le fil narratif de l’oeuvre, réunissant la totalité des cartes
postales soit les 62 images. Les médias jouent un rôle essentiel dans la diffusion du projet : si les images s’affichent et se distribuent sans livrer leur secret, dissimulant leur statut et leur histoire, seule la médiatisation du projet apporte des éléments de réponses…
Une partie de cette commande publique a été présentée dans l’exposition « L’heptalogie franco-américaine » au côté du projet The American Tetralogy à la Grande Galerie de l’ISBA. L’espace 13/15 à Besançon a accueilli également des photographies de ce projet en 2013.

Philippe Terrier-Hermann La trilogie française, 2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Philippe Terrier-Hermann

Philippe Terrier-Hermann est né en 1970 en France.

Après des études à la Cambre à Bruxelles, à la School of the Art Institute of Chicago et à la Rijksakademie à Amsterdam, il a séjourné à Rome (Villa Médicis), à Paris (Cité internationale des arts), à Tokyo, à Buenos Aires et à Bangkok afin d’y réaliser différents projets photographiques et filmiques. Depuis 2000, il a exposé notamment au Centre National de la Photographie à Paris, au Fotografie Museum à Anvers, à la Triennale de Prague, à la Biennale de Pusan en Corée et la Biennale de Sharjah aux Émirats Arabes Unis. Ses films ont été projetés au Centre Pompidou, au Grand Palais, à la
Cinémathèque française, au Jeu de Paume à Paris, à De Appel à Amsterdam et au Centro Reina Sofia à Madrid. Certains de ses films figurent dans les collections du Musée national d’art moderne. Son premier long-métrage, La Dérive, a été présenté dans plusieurs festivals en France et à l’étranger et est sorti en salle en 2009. The American Tetralogy a été réalisée en Californie, grâce à une bourse de l’Institut Français, et a été présentée en avant-première au festival Hors- Pistes en 2012. Elle a fait l’objet d’un livre édité chez Blackjack en 2013. Il a publié plusieurs ouvrages dont Fascination & Romans, Internationales, 106 beautés japonaises et 93 beautés
hollandaises. www.terrier-hermann.com

Manifester En l’état, une enquête poétique

Commande publique à Frank Gérard

« En l’état, 13 juillet 1999 - Aujourd’hui est un corpus composé de dizaine de milliers d’images. Une tentative de décrire le monde, une sorte « d’encyclopédie » de mes errances, de mes rencontres au sein de la rue. La méthodologie appliquée
est simple ; se laisser porter à travers les espaces, le plus souvent urbains, par son regard, par la marche. S’ouvrir le plus possible à l’extérieur. Être un « voyant ». Cette forme de dérive obsessionnelle m’a conduit à la fabrique compulsive
d’images que je mont(r)e sous forme d’expositions, de projections, de conférences « performées », ou encore de promenades commentées dans la rue…
À partir de cette banque d’images, répertoire de situations, de gestes, d’incidents (…), j’invente des récits, je recrée des fictions, je métaphore l’espace. » (Franck Gérard)

Le projet

Franck Gérard arrive à Marseille en septembre 2012, invité à arpenter le sentier de randonnée GR 2013, par Marseille- Provence 2013. Martigues, Port-de-Bouc, Aubagne, Marignane…, où il ne rencontre presque personne. Puis les quartiers
Nord de Marseille.
Entre-temps, le Centre national des arts plastiques l’inscrit dans son processus de Commande publique de photographie.
Son projet initial de suivre le GR 2013 s’en trouve ainsi modifié. En effet, à la suite de rencontres faites à Marseille, l’artiste prend conscience que son travail ne peut que se déployer dans cette cité. Il s’applique alors à suivre son regard mais encore plus les êtres humains qu’il croise au hasard des rues ; connexions qui sont essentielles dans le processus de son travail.

L’espace public

La commande évolue ainsi que les concepts qui l’accompagnent. Du projet écrit, l’auteur se confronte (« se cogne » même) au réel qui finit par modeler ses actes. Le concept d’espace public peut paraître à première vue évident mais de nombreux frottements coexistent à travers différentes zones, commerciales, religieuses, privées ; l’idée même que notre corps soit privé l’interpelle. Par exemple, les « sans-domicile fixe » font parfois, malgré eux, « l’apologie » de cette notion puisque ils vivent au sein même de la rue. Le téléphone mobile entraîne aussi des modifications, crée des
« bulles privatisées ». Tout se confond, et le danger de la privatisation, de ce « cet espace collectif » qui nous appartient symboliquement parlant nous guette.
Ainsi, cette commande est, en quelque sorte, prétexte à une enquête, poétique, au hasard des croisements de l’artiste dans la ville. D’anecdotes en situations, de situations en discussions, le territoire s’y est déplié devant lui. Il prend conscience que son implication dans la rue est un manifeste de son travail, de ce qu’il est ; En l’état face aux personnes qu’il croise. Ainsi, il distribue des séries de cartes postales de son travail ou colle ses propres affiches sur les panneaux d’affichage public.

Rendre son travail public

Le projet initial prévoyait l’invention d’une « vitrine » contenant l’ensemble des éléments de cette enquête.
Progressivement, une structure s’est imposée à l’artiste après qu’il ait vu des ferrailleurs, des SDF, des adolescents, des mères de famille, des Roms … avec des caddies. Ces chariots de supermarché souvent abandonnés et repris pour différents usages, liés en général à toutes sortes de transports, sont l’exemple même d’un élément qui passe de l’espace privé (le supermarché) à l’espace public. Franck Gérard modèlera dans la rue et en direct cette structure, ce caddie avec
les objets qu’il y trouvera. Cet objet trouvera finalement sa place au milieu de l’exposition dans le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur où il sera mis « En situations ». Il sera accompagné de neuf cartes postales et de six affiches, choisies parmi les milliers d’images réalisées dans le contexte de la commande. Tirées chacune à 1000 exemplaires, elles sont laissés à la disposition du public. Vingt images et un film prendront la relève pour tenter de décrire ces deux ans d’expérience. Pour boucler cette commande, images et anecdotes se déploieront au sein d’une « conférence performée » de plusieurs heures qui sera réalisée le 12 décembre prochain au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Franck Gérard Manifester En l’état, une enquête poétique, 2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Franck Gérard

Franck Gérard est né en 1972 à Poitiers. Il vit à Nantes et travaille in situ.

Il est représenté par la galerie melanieRio, Nantes et Paris.
Franck Gérard envisage la photographie comme mode majeur d’expression le 13 juillet 1999 ; muni à chaque instant de son appareil, il capture des instantanés de vie, situations cocasses ou atypiques qui renouvellent la vision du promeneur sur son environnement.
« En l’état, 13 juillet 1999-Aujourd’hui » qui compte des dizaines de milliers d’images, est le fruit de cette obsession. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Nantes, il présente ses travaux aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles en 2006, au Centre Georges Pompidou-Metz et au Musée d’Art Contemporain de São Paulo en 2009 ou encore à la BNF François Mitterrand en 2010. Son travail s’oriente aujourd’hui vers de multiples facettes comme le dessin, la sculpture ou encore des « conférences performées » de 4 à 12 heures. La plus longue a eu lieu au palais d’Iéna dans l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental à l’occasion de Nuit Blanche à Paris en 2012. www.franckgerard.eu

Commissariat :
Pascal Neveux, Fonds Régional d’Art Contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur
Pascal Beausse, Centre national des arts plastiques
Erick Gudimard, Les Ateliers de l’Image

Photo de Une : Philippe Terrier-Hermann La trilogie française, 2013 Commande publique du Centre national des arts plastiques © Philippe Terrier-Hermann

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