La centaine de toiles d’Olivier Masmonteil pre ?sente ?e au Suquet des Artistes poursuit le cheminement entame ? avec les expositions Ge ?rard Schlosser et Nazanin Pouyandeh a ? travers la peinture franc ?aise contemporaine. Comment est-il possible que ce mode d’expression, sans doute le plus ancien dans l’histoire de l’humanite ?, trouve a ? chaque ge ?ne ?ration de nouveaux he ?ros pour le de ?fendre et l’adapter a ? leur temps ? La peinture d’Olivier Masmonteil est d’autant plus pre ?cieuse pour re ?pondre a ? cette question qu’elle n’he ?site jamais a ? s’attaquer a ? des the ?mes ancestraux, le portrait et surtout le paysage.
Engage ?e par Olivier Masmonteil il y a dix ans, la se ?rie Quelle que soit la minute du jour, pre ?sente ?e dans l’exposition, se compose de 1000 tableaux de taille identique, repre ?sentant des paysages rencontre ?s aux quatre coins du monde.
Dans plus de 20 pays et sur les 5 continents, Olivier Masmonteil a collecte ? des moments e ?phe ?me ?res, toute une collection d’aubes, de cre ?puscules, de de ?serts, de glaciers ou de montagnes, restituant d’une manie ?re sensible la lumie ?re, l’atmosphe ?re, la beaute ? et la magie des lieux visite ?s. Chaque tableau devient un petit ex voto que l’artiste adresse au spectateur. Re ?unis, ils offrent une cartographie complexe de notre terre, une mosai ?que de lieux, d’instants et d’impressions fixant le caracte ?re intemporel et universel du paysage.
Olivier Masmonteil est bien un enfant du XXIe sie ?cle qui a fait siens les hyperliens, le vagabondage sur la toile mondiale et l’abolition des hie ?rarchies entre photographies amateur, me ?mes d’Instagram, images de presse et œuvres d’art. L’œil contemporain est habitue ? a ? ce travail de de ?chiffrage devenu presque inconscient, de ?me ?lant les re ?fe ?rences, les sens, les e ?poques et les motifs cache ?s. Mais il y a e ?galement chez Masmonteil cette jouissance de la transmission et cette connivence des mordus de peinture. Sa re ?ponse est celle d’un artiste, bien su ?r, mais aussi d’un historien de l’art, et enfin d’un pe ?cheur qui, comme il se doit, ne peut s’empe ?cher de cre ?er un re ?cit.
Une remarque, encore, qui me ?riterait de plus amples de ?veloppements, sur le rapport unique d’Olivier Masmonteil a ? la parole publique. Avec lui ni confe ?rences ni cours magistraux, mais vide ?os sur les re ?seaux sociaux. Olivier Masmonteil ouvre l’atelier comme le fit a ? sa manie ?re et en son temps Gustave Courbet. Il se documente en train de peindre ou de partager ses coups de cœur pour d’autres artistes, une inventivite ? technologique et une camaraderie rares sur la sce ?ne contemporaine.
« J’ai commence ? a ? apprendre [le langage de la peinture] avec les italiens Bellini, Giorgione, Titien, Corre ?ge. Le processus d’apprentissage est en fait assez simple mais il est terriblement long. C’est un langage qui tole ?re les fautes d’orthographe, les fautes de grammaire, mais pas l’e ?conomie du temps. Pour commencer a ? parler le Titien il m’a fallu 5 ans, bien su ?r je ne le mai ?trise pas mais j’en connais les me ?caniques ; pour Vermeer, au bout de 15 ans je n’en comprends que l’argot. Comme la peinture ressemble a ? une image, beaucoup pensent qu’il suffit de la copier pour la mai ?triser ; trop souvent ils copient l’image et pas la peinture. L’image se copie vite, quelques jours suffisent ; pour la peinture le temps n’a plus cours. »