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CHRONIQUE D’UN GALERISTE : Des archives et des hommes - CHAPITRE 20 (Part IV)

Affiche de l’exposition « Affinités photographiques d’Alexandre de la Salle » au Musée de la Photographie de Mougins (18 septembre-31 octobre 2004)


La Photographie …

… m’a été amenée par Albert Giordan, qui, avant de faire la carrière internationale que l’on connaît, vivait à Villefranche. Il m’a entraîné au Festival d’Arles, après quoi je me suis passionné pour un certain nombre de grands photographes, dont lui… Et les problèmes de la surface photographique ont pris la suite des questions que je me suis toujours posées sur la surface peinte. Et lorsqu’en 2004, Olivier Lécine, directeur du Musée de la Photographie de Mougins m’a invité à présenter une exposition intitulée « Les affinités photographiques d’Alexandre de la Salle » ou « Alexandre de la salle, de la Peinture à la Photographie », pour l’invitation je lui ai donné un texte que j’avais écrit pour le catalogue du « Paradoxe d’Alexandre » en 2000, sous le titre « Peinture/Photo ». En voici un extrait : Un « vrai » de la peinture peut se concevoir : il est là, sur la toile, se voit, se touche. Un « vrai » de la photo pour les doigts de l’aveugle, ne serait que papier lisse et fuyant, où rien ne les retiendrait. Ce « vrai » n’est pas là, il est ailleurs, dans le monde. Avant d’être une image, la peinture est peinture : cette tache rouge, avant d’être ce toit ou ce sang, est... tache rouge, ici, présente, avec toutes les caractéristiques d’une tache : tantôt épaisse ou plus fine, plus lisse ou plus striée. Là !

Et Olivier Lécine… conservateur du Musée de la Photographie de Mougins
… dans la plaquette de l’exposition « Les affinités photographiques d’Alexandre de la Salle ».
Il y a dans le monde des personnages déterminants, des individus, qui, par leur passion et leur engagement, du fait des risques qu’ils ont su prendre afin de soutenir les artistes, ont permis que puisse se développer l’activité artistique de la plus belle manière qui soit. Alexandre de la Salle fait partie de ceux ci. En quarante années d’activité en tant que galeriste à Vence tout d’abord, puis à Saint Paul, il a œuvré afin que soit mis en lumière le talent créatif. (…) Il fut d’ailleurs assez exemplaire pour que l’Institution, et notamment Frédéric Altmann, lui consacre, au « Centre International d’Art Contemporain de Carros », une rétrospective retraçant son parcours, en présentant les plus belles pièces des plasticiens qu’il a eu le plaisir de défendre.

Portrait d’Anne de la Salle par Albert Giordan (début des années 80)

Albert Giordan
J’en ai toujours été profondément convaincu : le travail d’Albert Giordan est comme la dernière et la plus somptueuse manifestation de l’esprit Bauhaus. Tout chez lui est rigueur, extrême rigueur. Comme d’un géomètre, d’un arpenteur, qui veut saisir l’essentiel du monde, et des choses. Ce point, où pendant quelques instants, un regard s’est fait « la chose vue », a su mourir à lui-même pour que la Réalité enfin soit.

Il a eu la gentillesse d’écrire : C’était au début des années 80, au moment où il s’est intéressé à moi comme je me suis intéressé à lui. De cette rencontre, d’une passion commune, et sous mon impulsion, il a couru le risque de créer un département photo dans sa galerie. Cet espace, c’était notre histoire à tous les deux. Aujourd’hui, je tiens à le remercier. Au nom de la photo, et pour tout le plaisir d’avoir travaillé ensemble.

France Delville, Jaime Azocar, Jean Leppien et Alexandre de la Salle par André Villers (photo/montage)


Et moi, sur André Villers

Elle fut bien belle ton exposition des portraits de Picasso, de ses multiples visages, annoncée par le grand œil noir capteur de tous les mondes. Et merci pour ces secondes vies que tu as données à tant d’autres... Tu as joué un grand rôle avec constance et noblesse.


Et sur Frédéric Altmann

Il fut le photographe engagé auprès d’une multitude d’artistes, et, engrangeant une formidable moisson, il s’est fait mémoire vivante des lieux et des visages : 179.000 clichés, je crois ! Ils y sont tous, et tous s’y retrouvent, surpris, heureux de tels compagnonnages. Frédéric expose ses images un peu partout, jusqu’au Japon, et en Corée. L’exposition que je lui ai consacrée à St Paul a permis de faire ressurgir, jeunes, des visages d’autrefois, comme sous une brise mélancolique mais fidèle : justesse du coup d’œil, vérité de l’expression. La volonté de piéger la vie, de la faire vivre ailleurs, autrement, pour lui assurer son éphémère survie.

Affiche de l’exposition Wilhem Maywald à la Galerie Alexandre de la Salle en 1983

Après l’Ecole de Nice, le Mouvement MADI, la Photographie… les autres, tous les autres …
… si nombreux qu’il a été difficile de faire un sort à chacun dans l’exposition, le catalogue, et cette chronique, voici donc quelques noms : Christiane Alanore, Jaime Azocar, Jean Charasse, Enzo Cini, France Delville, Edmée, ma sœur, Gérard Eppelé, Frank Fay, Michel Gaudet, Alberte Garibbo, Jo Girodon, Martine Guée, Jani, Maggy Kaiser, Peter Klasen, Rosemarie Krefeld, Yves Laloy, Henry le Chénier, Jean Leppien, Ghérasim Luca, Michel Magne, Emile Marzé, Esther Morisse, Aurélie Nemours, Michel Néron, Jean-Jacques Ninon, Ozenda, Jean-Claude Rossel, Seund Ja Rhee, Marcelle Tanneau, que les autres me pardonnent…

Photo Frédéric Altmann « D’ici partit Vincent Van Gogh à la recherche du soleil et de soi-même »

Après la Fête de Fin de Galerie (1999), les expositions ont continué ailleurs…
En juillet 2000, au CIAC (Centre International d’Art Contemporain Château de Carros), ce fut le « Le Paradoxe d’Alexandre ». En août/septembre 2000, carte blanche à « L’Atelier 49 » (Vallauris), avec « 13 abstraits », Arden Quin, Leppien, Nemours, Garcia Rossi, Levedag, Ghérasim Luca, Belleudy, Chubac, Garibbo, Girodon, Rossel, Charasse, Nivèse. En janvier/février 2001, à Brême (Allemagne), Jürgen Waller m’offrit d’exposer une sélection du « Paradoxe d’Alexandre » à la Städtischen galerie im Buntentor. A partir de décembre 2001, Alexandra Martin-Blasselle me proposa d’associer son « Art Tribal Africain » à de l’Art Contemporain, ce que je fis avec Jean Charasse, Alberte Garibbo, Jo Girodon, Martine Guée, Anne de la Salle, Serge Dorigny. De janvier à avril 2007, France Delville, présidente des Amis du CIAC organisa « Beau comme un symptôme » au CIAC avec le Quartel, Daniel Cassini, Sylvie Osinski, Georges Sammut, Kô Hérédia-Schlinger, et une centaine d’ex-votos d’artistes en hommage à Claude Gilli. En 2008-2009, je participai aux expositions « Ghérasim Luca » du Musée de l’Abbaye de Sainte-Croix » (Sables d’Olonne), du Centre international de poésie (CPIM) de Marseille, du Centre des Livres d’artistes, Saint-Yrieix-la-Perche. De juin à décembre 2010, Mireille et Philippe Rétif m’offrirent de célébrer les « 50 ans de l’Ecole de Nice (1960-2010) dans leur Musée de Vence. Et de février à mai 2011, Frédérik Brandi, directeur du CIAC, m’offrit d’organiser l’exposition « Conscience Polygonale, de Carmelo Arden Quin à MADI contemporain » au Château de Carros.

Alexandre de la Salle installant une sculpture d’Alberte Garibbo sur la façade de la galerie

Editions « L’Image et la Parole »
Pendant ce temps, avec l’Association que j’ai créée, « L’Image et la Parole », j’éditai, en 2000, le gros catalogue « Paradoxe d’Alexandre » pour accompagner l’exposition du CIAC. En 2006, édition de « Sur un fil du temps », dessins de Serge Dorigny, Haï-Kaï d’Okashi Tôri, en 2007 : « Inédits » de Ghérasim Luca, en 2010 : Catalogue raisonné de Carmelo Arden Quin (1935-1958). Tout au long des années j’avais édité, ou participé à des éditions de catalogues ou livres qui sont dans les vitrines de l’exposition, en 1983, Catalogue de la Rétrospective Carmelo Arden Quin en collaboration avec l’Espace Latino-américain de Paris, en 1990 « MADI », Arden Quin etc. (avec Paul Bourquin), en 1991, « Couples », dessins de Christiane Alanore/texte d’Avida Ripolin, (avec Paul Bourquin), en 1991 « Ici maintenant », livre/accordéon, Texte de Jean-Jacques Scherrer/Décalcomanies de Jean Leppien (avec Paul Bourquin), en 1992 « Diversités abstraites », Arden Quin etc. (avec Paul Bourquin), en 1994, participation au livre-objet pour l’exposition Carmelo Arden Quin au Musée des Beaux-Arts de Metz, en 1994 « Débords d’Univers » Poèmes de Hugo Caral/Calligraphies de Frank Lalou, en 1995 « noir demi rose », sérigraphies d’Aurélie Nemours/7 haï-kaï de Hugo Caral (avec Paul Bourquin), en 1999 « L’adieu du jour vite », sérigraphies d’Alberte Garibbo/13 haï-kaï de Hugo Caral (collaboration avec la Villa Arson, Nice), en 2003 « Ecoute Amérique, L’étrange opéra » d’Anton Elgar (collaboration avec les Editions Melis). France Delville avait elle-même écrit, en 1998 « La ligne illimitée de Fritz Levedag (1899-1951) aux Editions Vogel, et, chez Melis Editions, en 2001 « André Verdet ou La parole oraculaire », en 2002 « Sosno, traversée en forme de fugue », en 2004 « Nivèse, la part féminine de l’Ecole de Nice ».


Happenings, Performances et Actes Poétiques à la galerie Alexandre de la Salle

Dans le catalogue j’ai aussi noté quelques-uns des Happenings, Performances, Actes Poétiques qui ont eu lieu dans mes galeries : en 1967, Pierre Pinoncelli et son happening « Dédoublement, copulations, bûcher », en 1975 : « Hommage à ma vieille maman, la mort », et en 2010, au vernissage de l’exposition « 50 ans de l’Ecole de Nice » au Musée Rétif, écriture des noms de l’Ecole de Nice sur des Grosses Têtes de Carnaval, puis : « Viva la revolución ! » En 1976, happening de Ben : « Il faut tout faire (les cageots), en 1986, Serge III : « Agressions d’identité », en 1985, « Programmation du Plastique n°2 : Carmelo Arden Quin et France Delville habillée en cosmonaute, en 1993, à l’occasion des « 20 ans de la Cage à Mouches », Jean Mas attribue l’Ordre de la Cage à Mouche à Pierre Pinoncelli, Claude Gilli, André Villers etc. En 1996, Carmelo Arden Quin et son acte poétique « Pedro Subjectivo », en 1997, vernissage de « Ecole de Nice. » : « Pièces d’artistes », Jean Mas distribue des lambeaux de ses vêtements. En 2003, pour les « 40 ans de Fluxus », Jean Mas performe « Fin de Fluxus » au CIAC, pour les Amis du CIAC. En 2007, autour de « Beau comme un symptôme », intervention de Daniel Cassini sur Lautréamont, puis Jean Mas : « Le premier français prendra la parole qui ne partira pas en fumée ». En décembre 2010 clôture de Cinquante ans de l’Ecole de Nice » au Musée Rétif par la mise à feu de sa Crèche de l’Ecole de Nice de Jean Mas.

Tout cela pour résumer en quelques pages quarante, et même cinquante ans d’intérêt pour l’art, la peinture et ses dérivés.

Frédéric Altmann – Pour cela, je te remercie, et nous sommes certainement très nombreux à le faire.

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