Depuis une dizaine d’années, Damien Deroubaix fabrique des images du monde contemporain. L’artiste s’autorise toutes les pratiques artistiques - peinture, dessin, collage, gravure, sculpture, installation et plus récemment tapisserie -, pour créer une œuvre puissante aux accents expressionnistes.
Observateur attentif de nos sociétés, il donne à voir dans ses oeuvres une iconographie à la fois brute et sophistiquée qui nous renvoie une image dérangeante de notre monde.
Contemporain dans son expression plastique et dans les thèmes qu’il traite, Damien Deroubaix entretient pour autant une relation forte avec nombre d’artistes du passé. Au premier rang de ceux-ci, Pablo Picasso (1881-1973), que Damien Deroubaix découvre à 19 ans. C’est sous le coup de l’émotion provoquée par Guernica de Picasso que le jeune homme décide de devenir peintre.
Plus de vingt ans après cette découverte, Damien Deroubaix poursuit ce dialogue stimulant au travers d’expositions récentes. Cette exploration, inaugurée à la Fondation Maeght en 2014 dans le cadre du projet Ceci n’est pas un musée se poursuit actuellement avec deux expositions : Picasso et moi au Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg (Mudam) et le projet El Sue ?o à Vallauris.
Dans la chapelle Picasso de Vallauris, Damien Deroubaix entre en dialogue avec la fresque allégorique de Picasso, La Guerre et la Paix en exposant quatre œuvres.
Dans le chevet de la chapelle, il installe un grand bois gravé, créé pour l’occasion à la manière d’un grand tableau d’autel - un fétiche à clou africain Nkisi monumental - y surmonte une peinture de 2015 ; El Sue ?o, œuvre inspirée par la gravure de Francisco Goya "Le Sommeil de la raison engendre des monstres" est une tapisserie tissée à Felletin (Creuse) pour l’exposition et présentée pour la première fois ici.
Enfin, quatre requins, les World Eaters en résine et fibre de verre évoquent les quatre cavaliers d’une apocalypse contemporaine.
Les points de convergence entre les deux artistes sont nombreux : pratique de techniques diversifiées (peinture, sculpture, dessin, gravure, tapisserie…), utilisation d’objets trouvés pour recomposer des assemblages, recherche d’une figuration puissante. Leur rencontre dans la chapelle se cristallise autour d’une tradition multiséculaire qui joue sur la puissance allégorique de l’image.