Né en 1936 à Nîmes, Claude Viallat s’installe à Nice en 1964, alors même que le musée Matisse vient d’ouvrir ses portes.
Il est par la suite l’un des membres fondateurs du groupe Supports/Surfaces. Son œuvre toute en sensualité colorée rejoint en de multiples aspects celle de Matisse auquel il a rendu toute une série « d’hommages » dans les années 1970.
Le musée présente ainsi le grand bleu de méthylène sur toile libre (coll. galerie Ceysson & Bénétière), d’une longueur de plus de quatorze mètres qui se déploie dans la grande galerie en écho avec la grande gouache découpée de Matisse Fleurs et fruits.
Viallat met en place un système basé sur la répétition d’une forme colorée répartie selon une grille : « Toutes mes toiles sont un fragment de quelque chose qui se continue. C’est un peu comme s’il y avait une seule énorme et immense toile idéale et que je coupe dans ces toiles des fragments » (à Catherine Lawless, 1991). De même Matisse dans son œuvre ultime que sont les grandes gouaches découpées a donné la mesure d’un espace totalement ouvert, vaste surface all-over totalement dégagée de la représentation illusionniste.
A cette œuvre monumentale de Viallat s’ajoutent trois œuvres prêtées par le MAMAC de Nice, dont l’acrylique sur toile Sans titre (n°137), 1997, qui rappelle par sa forme caractéristique les maquettes des chasubles de Matisse présentées dans la salle 1 consacrée à la Chapelle de Vence, et les tentures Sans titre, 1966-1967, et Sans titre, 1974, qui sont un écho aux grandes décorations de Matisse, en particulier Papeete-Tahiti, 1935, présentée en salle 9.
Un ensemble de livres d’artistes illustrés, issus des collections de la Bibliothèque patrimoniale Romain Gary, Nice, complète l’exposition.
Parallèlement à l’artiste invité Claude Viallat, le musée Matisse expose deux œuvres de Noël Dolla, qui fut son élève à l’Ecole nationale des arts décoratifs dans les années 1964-1967. Présentées au niveau 2, dans le hall de la villa, ces deux compositions sont issues de la série des Plis & Replis « Suite Bleue » de 2017.
« Matisse, c’est parmi les toutes premières peintures que j’ai vues en vrai », rappelle-t-il. C’est en effet peu après l’ouverture du musée, en 1963, alors qu’il commence ses études à l’Ecole des Arts décoratifs, qu’il découvre pour la première fois une collection qu’il connaît bien. Matisse est un de ses artistes de référence, de ceux qui l’ont touché en profondeur. Dans ces deux grands formats à dominante bleue, Dolla entre en dialogue avec Matisse par sa très grande maîtrise de la couleur dans ce qu’elle a de plus pur. Ce bleu n’a rien en effet d’une surface uniforme et rigide mais vibre de ses nuances délicates et d’une profondeur subtile qui joue de l’opalescence des glacis. Caractère léger et aérien que les pastilles de couleur réparties selon un rythme précis ne font qu’amplifier encore telle une nuit profonde dans laquelle le regard s’absorbe paisiblement. Autre écho à Matisse, ce léger déboitage des bandes de tarlatanes déroulées bords à bords dans le format carré, tout comme se « déhanchent » les arabesques du Fauteuil rocaille en se raccrochant à la bordure du tableau. En 1963, la découverte de ce tableau fut pour Dolla une révélation.