« ?Même si je me suis efforcé de rester objectif, les œuvres de la collection que j’ai choisies côtoient les miennes dans un parcours plastique et affectif. Les couleurs, les formes et les lignes tissent des liens, dialoguent et révèlent que l’art concret n’est pas tombé dans l’académisme : il est une source inépuisable de discours et le terreau d’infinies possibilités créatrices. ? » Carlos Cruz-Diez (avril 2017)
Depuis 2004, l’eac. offre une vision élargie de l’art concret à travers différents accrochages de la Donation Albers-Honegger, mettant l’accent sur des thématiques historiques, sociales ou parfois plus formelles.
À partir de cet été, l’eac. met en place un nouveau programme d’expositions ? : une relecture de la collection à travers le regard d’un artiste dans un face-à-face avec une sélection de ses œuvres.
C’est l’artiste français d’origine vénézuélienne Carlos Cruz-Diez (Caracas, 1923), figure majeure de l’art optique et cinétique, qui inaugure cette nouvelle programmation.
Carlos Cruz-Diez réalise des « ?supports d’événements chromatiques ? » dans lesquels il appréhende la couleur comme une réalité éphémère et autonome qui évolue dans l’espace et dans le temps, sans l’aide de la forme ou du support, en un présent perpétuel. Dans ses œuvres, les couleurs se font et se défont selon le point de vue adopté et l’angle d’incidence de la lumière.
Le spectateur découvre ainsi en lui la capacité de créer la couleur selon ses propres moyens perceptifs.
Cette intention d’introduire le mouvement ou de capter le caractère mouvant de la perception apparaît dès le début du XXe siècle avec les travaux des Futuristes, des Cubistes et des Suprématistes, repris par Marcel Duchamp et Man Ray jusqu’aux premiers mobiles de Calder.
Les années 1950 et 1960 voient s’épanouir pleinement ces recherches à travers toute l’Europe ? : GRAV, Groupe Zero, Groupe Nul... tous tentent à partir d’un vocabulaire le plus souvent géométrique, hérité du constructivisme, de faire du mouvement un médium à part entière.
Les œuvres de Carlos Cruz-Diez, par leur vocabulaire plastique, leur démarche expérimentale, participative et pédagogique, s’inscrivent incontestablement dans le prolongement de l’art concret.