L’exposition « Cailles blanches, grisettes et aigrettes noires » développe les investigations de Natacha Lesueur autour de la représentation de la figure humaine et plus particulièrement féminine.
L’artiste poursuit ses explorations autour de l’apparence genrée, ses façades ataviques que l’on désire où que nous sommes contraintes d’afficher. Par le biais d’interventions sur des marqueurs identitaires distinctifs, enveloppes capillaires et vestimentaires, véhicules et symboles des mascarades de la féminité, Natacha Lesueur cherche à révéler les manifestations de l’expression d’une astreinte sociale et culturelle : empreintes dans l’épiderme de la contrainte douloureuse d’un vêtement, lésions organiques appliquées aux arrangements capillaires des années 50-70, ceux de nos mères et grand mères etc.
« Cailles blanches, grisettes et aigrettes noires » est construite en miroir de l’exposition « Exotic tragédie » à la galerie municipale de la Marine à Nice, où le travail photographique et sculpturale à partir de la figure de l’actrice Carmen Miranda fait un large usage de la couleur.
A la galerie Eva Vautier, l’artiste a choisit, au contraire, de mettre l’accent sur une sorte d’achromie dans ses représentations.
A la fois économie de moyens permettant un pouvoir de concentration et de densification sur les sujets, le noir et blanc confère aussi ce caractère de mémoire souche, et coïncide avec la volonté d’un traitement rétrospectif de représentations surannées et fondatrices. Les effets statuaires, parfois renforcés par le recours au maquillage corporel blanc en relation avec la blancheur de la pierre, participe à une vision sculpturale des corps, à une mise en relief du caractère construit et normatif des stéréotypes féminins. L’achromie souligne le lien étroit et récurrent dans le travail de Natacha Lesueur entre sculpture et photographie. Cette relation est manifeste dans les deux expositions en particulier dans ses récentes productions de vase-tête en céramique.
Sur la proposition d’Eva Vautier, Natacha a choisie pour l’accompagner d’inviter Anita Gauran qu’elle a rencontré aux beaux arts de Rennes, pendant les études qu’elle y suivait jusqu’en 2013.
Sous des aspects qui peuvent sembler dépouillés, voir fragiles, Anita développe une oeuvre complexe, riche et subtile. Ces travaux questionnent les relations que l’art, l’anthropologie, et l’archéologie en particulier, peuvent entretenir. Empruntant des vocabulaires plastiques aux disciplines qu’elles explorent (différentes techniques d’empreintes par exemple), elle collecte, assemble et révèle, la permanence mais aussi le recyclage, de formes et de gestes anciens dans le temps présent.