Les formes modernes de l’engagement n’empruntent plus seulement à la peinture : elles parlent aussi à la vue, à l’oreille, au goût et au toucher. Picasso dénonçait la guerre, glorifiait la paix dans sa magistrale fresque peinte dans la chapelle qui jouxte le musée de la céramique Magnelli de Vallauris, et qu’on aime revoir pour relever à chaque fois des détails qui nous avaient échappés.
Il est bon de le rappeler : cette chapelle "consacrée" Musée National vit depuis vingt et un ans à l’heure de la modernité en accueillant régulièrement, comme c’est le cas actuellement, de jeunes artistes dont les outils sont l’installation d’objets, le son, l’image, la performance.
Jusqu’au 27 septembre, le lieu propose une rencontre filmée avec Violaine Lochu qui, dans "Battle", répond à sa manière à l’œuvre de portée universelle de Picasso, en privilégiant l’action et le discours.
Cette notion de combat concerne le très large champ des batailles menées contre soi, contre l’autre, les conflits vécus dans la chair, l’espace social ou symbolique. Cette œuvre naît de la rencontre de la plasticienne avec les habitants de Vallauris, adultes et enfants, dont elle collecte la parole, pour la faire "régurgiter" par quatre comédiens qui semblent sortis d’un tableau de Picasso, ou ressuscités d’un quelconque temple égyptien pour se livrer à un rite mystérieux et apaisant.
Ni anthropologue, ni sociologue, ni philosophe, Violaine Lochu est une artiste performeuse et musicienne, dévoreuse d’espace et de gens. Elle s’est servie de ses expériences (jusqu’en Laponie et en Europe Centrale) pour, à travers des pièces sonores, des gestes chorégraphiques, des artéfacts, displays d’objets et motifs graphiques, nous livrer, dans ce qu’elle appelle une "tierce voix" une partition où les différents médiums s’hybrident et se métamorphosent.
Elle ouvre le registre des absurdes souffrances humaines, ne donne pas de réponses, mais tente de revenir vers un rituel sensé nous ramener dans un refuge, éloigné du réel, un asile à l’esthétique "queer et futuriste" d’une valeur certainement aussi universelle que la Guerre et la paix de Picasso...