Dès les années 1970, les premiers travaux de Barbara & Michael Leisgen se placent en contrepoint de la photographie objective allemande de Düsseldorf initiée par les Becher, duo d’artistes ayant une approche conceptuelle déterminée par des protocoles rigoureux de prises de vue.
Intéressés à créer des images qui fassent écho aux mythes fondateurs d’une culture universelle, les Leisgen ont élaboré tout un langage plastique en référence à la nature.
La première série d’œuvres présentée dans l’exposition appartient aux recherches intitulées « Mimesis » (Paysages Mimétiques) : enregistrements d’empreintes naturelles, travail autour du corps, proches du Land Art alors en développement. La silhouette de Barbara Leisgen est mise en scène dans des paysages, dans lesquels elle inscrit sa trace de manière éphémère. Les actions consistent à tendre les bras pour suivre les formes d’étendues vallonnées, enjamber les montagnes, enlacer le soleil, alors qu’elle est placée de dos au centre de l’image. Ces images rappellent les visions du courant romantique allemand et notamment les peintures de Caspar David Friedrich dont le tableau Morgenlicht, 1818 (Femme dans le soleil du matin) inspire le modèle figuratif de la série des « Mimesis ». Cette série offre une variation de gestes d’appropriation et de prolongement des contours d’un paysage par le corps, exprimant ainsi l’aspiration à une unité et harmonie des formes du vivant.
Cette première série, contemporaine du Land Art et d’un retour des artistes à la nature, correspond aux balbutiements d’une conscience écologique qui ne cessera de grandir. Dans les années 1980, le travail de Barbara et Michael Leisgen témoigne directement de la rencontre entre une nature malmenée et des artistes impuissants, qui tentent d’ériger les bases d’un possible langage de résistance. Ils l’illustrent dans la série « Pink Depression » initiée dès 1982.
Dans ces photographies couleur les artistes interviennent de façon percutante en mettant Barbara Leisgen elle-même en scène, voire en danger pour interpeller le regardeur face à la dégradation de l’environnement.
Les œuvres sont mises en dialogues avec un ensemble de vidéos des années 1970, rarement montrées, et soulignant la singularité de la démarche conceptuelle incarnée et poétique de Barbara & Michael Leisgen.
Cet ensemble d’œuvres fait partie d’un récent dépôt généreusement consenti au MAMAC par Michael Leisgen.
Proposition d’Hélène Guenin et Julia Lamboley.
MAMAC
Place Yves Klein – Nice
Du 2 mai au 31 octobre : tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
Du 1er novembre au 30 avril : tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h
04 97 13 42 01 / mamac-nice.org