L’œuvre poétique et littéraire de Paul Éluard (1895-1952) s’est construite en osmose avec les avant-gardes littéraires et artistiques. Acteur du mouvement Dada puis du Surréalisme, Éluard avait une connaissance intime de la création de son temps. Ses très nombreux textes sur l’art témoignent de cette passion qui a été largement nourrie par des amitiés durables avec des créateurs. Très lié à Picasso, Éluard a aussi aimé les œuvres de bien d’autres artistes.
Dans le cercle des amis d’Éluard, Fernand Léger avait sa place. Les deux artistes sont des acteurs importants des avant-gardes parisiennes et se connaissent depuis les années vingt. À partir des années trente, leur amitié se renforce comme en témoignent deux tableaux de Fernand Léger. Le Paysage polychrome de 1937, tout d’abord, qui a fait partie de la collection personnelle du poète et L’Araignée bleue. Ce tableau de 1938 comprend des vers d’Éluard inscrits de la main même du poète.
Les tourments de la Seconde Guerre mondiale les séparent. Léger, exilé aux États-Unis à partir de 1940, s’éloigne de ses amis restés en France.
Éluard est mobilisé de 1939 à 1940. Revenu à Paris, il participe à la vie littéraire et se rapproche des cercles résistants. C’est en 1942 que paraît Liberté, poème devenu l’un des emblèmes de la résistance. Éluard publie sous son nom jusqu’au moment où il est contraint d’entrer dans la clandestinité.
L’après-guerre est le temps d’un rapprochement, nourri par leur engagement commun aux côtés du Parti Communiste et du Mouvement international pour la Paix. En 1951, Fernand Léger montre, pour la première fois, sa série des Constructeurs à la Maison de la Pensée Française, à Paris. Pour le catalogue, Éluard écrit un poème, inspiré par cette nouvelle série de Léger.
L’épilogue de cette amitié s’écrit en 1953, un an après la mort prématurée du poète, lorsque l’éditeur Pierre Seghers sollicite Fernand Léger pour réaliser une édition limitée de Liberté, le plus célèbre poème de Paul Éluard.
En 2015, le musée national Fernand Léger a pu acquérir la première édition de ce précieux ouvrage. Autour de l’histoire forte de ce poème de résistance, l’exposition est l’occasion de revenir sur le parcours croisé des deux artistes engagés.
L’exposition s’ouvre sur la vidéo d’une chorégraphie contemporaine créée par le chorégraphe espagnol José Montalvo en 2014. Inspirée par le poème Liberté de Paul Éluard, cette chorégraphie participative a été créée sur le Parvis des Droits de l’Homme à Paris et reprise dans de nombreux pays. Cette œuvre rappelle la valeur universelle et la puissance du poème écrit par Paul Éluard en 1942.
L’exposition revient sur la genèse et la diffusion fulgurante du poème Liberté pendant la pendant la Seconde Guerre mondiale. Grâce à de nombreux prêts du fonds Paul Éluard du musée d’art et d’histoire de Saint-Denis et au prêt du musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne, deux manuscrits autographes du poème sont présentés au public. Elle s’attache ensuite à l’ouvrage Liberté, illustré par Fernand Léger et édité en 1953 par Pierre Seghers dont le musée vient d’acquérir un exemplaire. Un tableau prêté par le Centre Georges Pompidou permet de montrer l’une des quatre variantes peintes sur toile par Fernand Léger à l’occasion de la sortie de l’ouvrage.
L’exposition traite enfin de la collaboration des deux artistes, en 1951, autour de l’exposition Les Constructeurs dans laquelle Fernand Léger dévoilait sa dernière grande série, illustrée par un poème d’Éluard, composé pour la circonstance.
À l’occasion de l’exposition, grâce à un partenariat avec la médiathèque communautaire de Biot, un salon de lecture est proposé pour découvrir des ouvrages sur la littérature engagée. Pendant l’exposition, le public pourra découvrir l’un des quatre panneaux monumentaux du poète (4 mètres de haut), commandés à Fernand Léger pour l’hommage rendu à Paul Éluard au Vélodrome d’Hiver en 1953 et réalisé par ses élèves.