L’exposition du MAMAC célèbre à la fois le 70e anniversaire mythique de la création de « l’École de Nice » et celui du 40e anniversaire de l’exposition « À propos de Nice » au Centre Pompidou qui a valu la reconnaissance nationale et internationale de l’Ecole de Nice.
MAMAC - À propos de Nice : 1947-1977 ?
23 juin - 22 octobre 2017 ?2ème et 4ème étage du MAMAC
Commissariat : Hélène Guénin avec le concours de Rébecca Fraçois
L’histoire de cette Ecole commence avec une légende, celle des trois artistes Klein, Arman et Claude Pascal se partageant le monde en 1947.
Rejoints par d’autres artistes en rupture avec l’art officiel : Ben, Alocco, Chubac, Farhi, Gette, Gilli, Malaval, César, Venet, et le poète André Verdet qui constituent un premier noyau dur auquel s’ajouteront rapidement : Pinoncelli, Dolla, Chacallis, Charvolen, Isnard, Maccaferri, Miguel, Mas et Sosno.)
Ainsi est constituée une « École de Nice » qui, pourtant, n’englobe pas tous les artistes alors actifs à Nice et non des moindres, (et ont refusé, chacun avec leurs motivations, de participer), mais ont cependant chacun contribué à la culture créatrice niçoise de cette époque : Ernest Pignon-Ernest, Bernard Pagès, Saytour, Roland Flexner, etc., ou ceux de passage comme Erik Dietman, Joe Jones, Claude Viallat, (professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs), Rottier (architecte) Carmelo Arden-Quin, Daniel Dezeuze (professeur quelques années à la Villa Arson), etc.
À la même époque, l’Américain George Brecht, précurseur de l’art conceptuel et le Français Robert Filliou, poète et artiste du « génie de l’ordinaire » ont ouvert à Villefranche « La Cédille qui Sourit », une galerie-atelier éphémère (qui a quand même duré plus de deux ans), un « Centre international de création permanente », dépositaire des éditions de l’avant-garde artistique américaine et européenne et notamment de MAT-MOT de Daniel Spoerri, Fluxus de Maciunas, et Something Else Press de Dick Higgins. Un lieu d’émulation et de dialogue qui a contribué à la créativité ambiante.
Cette effervescence créatrice n’était pas la première que Nice connaissait : cinq cent ans plus tôt, Brea et Mirailhet remettant en cause les codes traditionnels du gothique, participaient à ouvrir la voie à la Renaissance.
Le Carnaval de Nice, né en 1294, fête iconosclaste avec bals et mascarades, est transformé avec Alexis Mossa (1844-1926) en un spectacle populaire avec chars, concours et cavalcades. Son fils G.A. Mossa (1883-1971) influencé par Gustave Moreau, crée en mêlant le merveilleux au symbolique psychanalytique une nouvelle scénographie de personnages étranges.
Fin du XIXe et début du XXe siècle, la présence dans la région d’artistes majeurs, essentiellement des peintres, contribue à l’ambiance créative : Renoir est à Cagnes depuis 1903, Matisse au Cours Saleya (1921), Duchamp en 1925 (qui représente Nice pour un tournoi d’échecs) fait la rencontre de Picabia (qui utilise déjà des allumettes et des fleurs dans ses tableaux), Picasso est à Antibes puis à Mougins, etc. En 1933, Paul Valéry inaugure le Centre Universitaire Méditerranéen, un lieu d’élaboration d’une connaissance méditerranéenne « pour une politique de l’esprit ».
Depuis le premier meeting aérien de 1908, Nice s’affirme comme un haut lieu de l’aviation naissante. Son aéroport ouvert en 1929 est toujours le deuxième de France, facilitant les échanges nationaux puis internationaux.
Nice est aussi à l’avant-garde du cinéma : des studios existent depuis 1908 (Pathé, route de Turin, Gaumont, puis La Victorine (en 1919) et en 1946 est inauguré le premier Festival de Cannes.
Deux ans plus tard a lieu à Nice le premier Festival de Jazz au monde (avec entre autres Louis Armstrong, Milton Mezzrow, le quintet du Hot Club de France). En 1952, le « Club des jeunes » est fondé par Robert Rovini et Paul Mari, animé ensuite par Jacques Lepage, poète et critique, avec des rencontres au Ballon d’Alsace (une brasserie proche de la place Massena qui n’existe plus) où à l’occasion interviendront ou, surtout pour les plus jeunes, assisteront : Arman, Ben, Raysse, Malaval, Venet, Eliane Radigue (la première femme d’Arman, Le Clézio, Biga, Bosco, Michelle Cotta, Alocco, Monticelli, etc.) Le « Club des Jeunes » organise avec Paul Mari à Coaraze (1955), des rencontres poétiques.
À l’initiative des artistes, des expositions marginales manifestent leur existence de groupe, et les idées circulent avec les envois par la poste (Mail art) et surtout les publications, comme les Tout, les Fourre-Tout de Ben, les suppléments du magazine Sud de Sosno, le journal Identités d’Alocco (premier numéro en 1962), Open créé par Francis Merino, les polycopiés comme le Guép’Art de Serge III, et plus tard les publications des lieux associatifs, Calibre 33, de Lieu 5, etc. Toutes manifestations et publications se faisant sans aucune aide institutionnelle, voire avec l’opposition de la Mairie et des journaux locaux.
C’est dans ce contexte que se développe l’« Ecole de Nice », dont chacun sait qu’elle n’est pas une école au sens où les participants seraient tenus à une pratique, à une approche ou à des objectifs communs, mais plutôt un regroupement informel et mouvant d’artistes chercheurs de formes, d’idées et de concepts. En opposition avec l’Ecole de Paris des années 50, celle de Nice est active, dynamique, contestataire, rebelle, jouisseuse : "Bien que nous, c’est-à-dire artistes de Nice, soyons toujours en vacances, nous ne sommes pas des touristes. C’est là le point essentiel. Les touristes viennent chez nous pour les vacances, nous, nous vivons sur cette terre de vacances, ce qui nous donne cet esprit de folie. Nous nous amusons sans penser ni à la religion, ni à l’art, ni à la science." (Klein, 1947).
Chacun a sa propre façon de s’amuser : Klein recouvrant de bleu les éponges, Gilli trempant des escargots dans la peinture, Alocco déchirant et recousant des tissus qu’il peint, Arman accumulant ou brisant des objets, César les compressant, Sosno oblitérant des images, Ben debout sur sa caisse exhibant ses slogans, Mas construisant ses cages à mouches, Serge III recouvrant de barbelés les icônes de l’art, etc.
L’invention et les propositions se font dans tous les domaines : on ne peint plus avec de la peinture mais avec des objets (compressions de César, poubelles ou accumulations d’Arman), on s’approprie l’espace public (l’art se fait dans la rue où les passants sont pris à parti), on élabore un Art Total tentant de relier l’art et la vie, l’art et le non-art, un Art d’Attitude à base de gestes simples et poétiques : Performances, Action painting, Constructions Mentales bâties sur des jeux de mots, etc.
Toutes ces expérimentations participent à la création d’un « esprit de l’Ecole de Nice », celui même que Jean Mas synthétise (a dit Restany) par ses performances, ses textes, ses actions.
Ses artistes enfin soutenus par quelques galeries locales (Jacques Matarasso, Alexandre de La Salle, Sapone et Jean Ferrero), et d’autres un peu partout, l’Ecole a perduré. Traversée par le Nouveau Réalisme, Fluxus, Supports-Surfaces et le Groupe 70 dont les principaux participants vivent à Nice, elle s’est réinventé sans cesse, remettant en question toutes les pratiques artistiques de l’époque, dont les leurs.
Inventifs, rebelles, critiques, touches à tout, « bricoleurs de génie » (Arman) gardant un esprit potache, projetés vers l’avenir, vers le nouveau, vers ce qui n’a pas encore été fait ou pensé, les trublions de Nice finissent par attirer l’attention de Ponthus Hulten, premier directeur de Beaubourg qui déclare : « L’art contemporain n’aurait pas été le même sans les activités et les rencontres qui eurent lieu dans la région niçoise » et demande à Ben d’organiser en 1977 cette exposition qui deviendra mythique.
C’est d’ailleurs à cette date que les organisateurs ont arrêté le choix des œuvres présentées au MAMAC, un choix sagement muséographié, trop sagement peut-être, mais rendant compte de la richesse et de l’inventivité des créateurs et de leurs techniques.
Quelques disproportions et des manques sont à regretter, notamment sur la place accordée à Marcel Alocco, le seul « historique » à n’avoir pas d’œuvre reproduite dans le catalogue (alors qu’il y a plus de vingt pages sur la Cédille).
Plusieurs photographes (oubliés aussi) ont documenté cette époque dans des moments et des secteurs différents : Jean Ferrero, Jacques Strauch, Michou Strauch, R. Gatti, et Béatrice Heyligers, A. Villers, F. Altman, M. Anssens, F. Fernandez, etc.
L’exposition rassemble néanmoins un grand nombre d’œuvres montrant la constellation des pratiques et des approches, ainsi que les lieux emblématiques et les événements qui ont jalonné cette aventure artistique.
Musée Masséna : Nice à l’école de l’histoire
Commissariat : Jean-Jacques Aillagon, assisté d’Aymeric Jeudy
Scénographie & conception graphique : Kristof Everart & Marcel Bataillard
En complément de cette rétrospective, ne pas manquer au Musée Masséna la passionnante exposition sur « l’histoire de Nice et de ses rendez-vous avec l’histoire du monde ».
Jean-Jacques Aillagon a choisi les plus belles pièces archéologiques et autres merveilles issues de nos musées pour nous montrer que Nice a un passé très singulier. Dans sa rencontre avec l’histoire, on trouve : l’invention du feu (la première trace de foyer), la Méditerrannée, la cité, l’Europe, le tourisme : Nice la grecque, carrefour de la Méditerranée, Nice romaine de Cemenelum échangeant ses produits avec l’Europe, Nice Médiévale et baroque, enfin la Nice de l’invention du tourisme s’ouvrant à l’Europe puis au monde. Elle a toujours été une brasseuse de populations : montagnardes et maritimes, du sud et du nord, de l’est (Russes) et de l’ouest (Anglais), une Nissa Rebella aux frontières du monde.
Galerie des Ponchettes : Noël Dolla. Restructurations spatiales ?
23 juin - 22 octobre 2017
?Galerie des Ponchettes
A la Galerie des Ponchettes, une exposition de quelques unes des « Restructurations Spatiales de Noël Dolla », des réalisations éphémères et grandioses à l’échelle du paysage (champs, plage, montagne, etc.). Un précurseur du Land Art.
AU 109 : The surface of the east coast from Nice to New York
23 juin - 15 octobre 2017
Commissariat : Marie Maertens
Au 109, une approche étonnante des travaux des artistes de Support-Surfaces mis en regard avec ceux de la génération actuelle d’artistes américains qui travaillent sur des problématiques très proches.