Né en Provence en 1962, sous le double signe du Capricorne et du Buffle, Baltasar Dürrbach est un terrien entièrement pétri de culture.
Cultiver la terre ou se cultiver l’esprit participe d’une même passion pour lui.
Elevé au sein du Cubisme avec des parents artistes qui étaient de proches collaborateurs de Pablo Picasso et d’Albert Gleizes, nourri par les écrits de Jean Giono qui a magnifié le monde paysan dans sa prose, ce gentleman
farmer occupe la moitié de son temps à cultiver son potager, et l’autre moitié à peindre et surtout dessiner.
Cet enfant de la balle en communion biologique avec la nature a passé ses jeunes années à observer son père, le peintre et sculpteur René Dürrbach, et s’est exercé à l’art du dessin et de la peinture dans l’atelier de sa mère licière qui était chargée par Picasso de retranscrire certaines toiles du grand maître en tapisserie. Alors que son frère aîné est un des meilleurs vignerons de la région, lui s’est essayé un temps à l’oenologie avant de troquer l’étude du vin contre une pratique intensive de l’art en terrain agricole.
S’il se laisse capturer par la toile sur châssis et se met à faire flamboyer les couleurs à sa surface de temps à autre, le plus souvent, il laisse la main courir sur le papier, trace intuitivement ses horizons de faune ou de flore dans un minimalisme matériel qui fait rêver.
Une page blanche, une plume et de l’encre noire suffisent à créer des univers où la couleur n’intervient que pour ponctuer le trait, souligner le rythme, mettre en exergue un détail de la composition.
Si le Cubisme apparaît en filigrane dans son travail à travers Picasso, Gleizes ou Delaunay, il est mâtiné d’une abstraction et d’une spiritualité chère à Kandinsky, tout en se laissant aller à l’intuitive liberté des Surréalistes.
Mais qu’on ne s’y méprenne pas, le naturalisme primesautier que met en scène Baltasar Dürrbach est bien ancré dans un authentique présent 100% bio.
Pour y parvenir, Baltasar Dürrbach se met au travail dans un silence monacal, sans idée préalable, se laissant guider voire surprendre trait après trait par ce qui lui apparaît sur la page blanche. Des paysages, mais aussi des personnages plus étranges les uns que les autres interviennent
alors dans ses oeuvres.
L’exposition « All Friends » dépeint un monde étrangement familier dans lequel tous les animaux ont leur place et qui nous rappelle que l’homme est un animal comme les autres.
Anaïd Demir, 2015