Retour sur la Croisette
« Cette exposition me fait revenir sur la Croisette autrement, car je ne connais Cannes que par on Festival". Remontons le temps : Agnès y est venue pour la première fois en 1962 avec son film Cléo de 5 à 7, en compétition.
Dans son autobiographie, Varda par Agnès (1994), elle raconte : « On est tous allés à Cannes. Corinne Marchand avait l’air d’une starlette des années cinquante à Hollywood. Moi, je m’étais fait faire pour le grand soir de présentation une robe de cirque avec une cape transparente à paillettes, car on montait sur scène à l’époque. Notre succès à Cannes, vécu avec innocence
et émerveillement, a fait connaître le film dans le monde entier et j’ai été invitée partout. »
Ensuite, en 1964, Jacques Demy a gagné la Palme d’Or avec son film Les Parapluies de Cherbourg. Il a été membre du grand jury en 1977 ; Agnès en 2005. Treize des films d’Agnès sont allés en sélection officielle.
Elle a reçu la Palme d’honneur en 2015 et a monté les marches en 2018, accompagnée de 81 autres réalisatrices.
En cette année 2022, pour le 75e anniversaire du Festival, Thierry Frémaux a décidé de rendre hommage à Agnès en donnant son nom à la salle éphémère du Festival. Tous les ans elle sera là avec nous.
L’exposition présentée par Rosalie Varda, commissaire d’exposition avec Hannah Baudet (mai 2022)
"Je découvre La Malmaison, sur la Croisette face à la mer qui est un endroit rêvé pour une exposition joyeuse, d’été – « Agnès Varda – Plages, cabanes et coquillages » !
Le parcours de l’exposition montre qu’Agnès a su utiliser différents médiums pour partager des émotions et susciter le désir des spectateurs : la photographie, le cinéma et la création d’installations. Toute sa vie, elle a créé et repris des images pour inventer des œuvres. On pourra aussi y découvrir sa passion pour la plage, la mer et le sable.
Quelques tongs, la plus modeste des sandales, nous accueillent sur le parvis du
cette belle maison, la malnommée Malmaison. C’est une entrée en matière, un clin d’œil à l’installation Frise de tongs – présente dans l’exposition – avec laquelle Agnès nous présente mille et une façons de décorer ses pieds !
Dans la même salle, Pingpong, tong et camping nous amuse avec ses éléments en plastique coloré. Cette salle joyeuse succède à la mélancolie du Dépôt de la cabane de plage, installation qui nous montre des actualités tristes du monde.
Plus loin, nous découvrons le joli court-métrage Du côté de la côte, ainsi que des photographies de ce tournage de commande pour la promotion de la French Riviera. Agnès a tourné ce film pendant l’été 1958. J’avais quelques mois. La musique est de Georges Delerue, qui deviendra le célèbre compositeur de la bande originale du film Le Mépris réalisé par Jean-Luc Godard.
La ville de Cannes, c’est aussi la somptueuse Villa Domergue, sur les hauteurs. Propriété qui fait rêver…
Installer des cabanes dans cette belle demeure m’amuse ! Une cabane, c’est « une petite habitation grossièrement construite », d’après le dictionnaire. « Cabane », c’est un peu un mot magique.
Il y en a mille sortes : celles que font les enfants dans leur chambre, celles que les parents fabriquent pour leurs enfants, et puis celles que l’on fait dehors, dans les bois, sur la plage... Agnès les aimait tellement ! Les visiteurs-spectateurs pourront découvrir à la Villa Domergue un montage de tous les extraits de ses films dans lesquels il y a des cabanes. Elle les aimait tellement qu’elle m’en avait fait construire une dans notre maison de famille. Une petite cabane en bois, peinte d’un joli bleu vert qui a enchanté mon enfance, puis celle de mes trois garçons et maintenant celle de mon petit-fils Maurice.
Hanna Baudet et moi avons eu envie d’installer dans le beau salon de la Villa
Domergue une série de photographies de cabanes prises par Agnès en 2005 et 2006 pour le catalogue de son exposition « L’Île et Elle » à la Fondation Cartier pour l’art contemporain et, en face, une nouvelle cabane : La Tente de Sans toit ni loi.
Cette installation, que nous venons de produire est constituée de pellicules de film 35 mm. En guise de cabane, Mona, le personnage du film Sans toit ni loi, réalisé par Agnès en 1985, avait une modeste tente de camping.
Il s’agit d’une des Cabanes de cinéma conçues par Agnès, car elle aimait tellement les cabanes qu’elle en a créé une série aux parois constituées de bandes de film 35 mm, support argentique devenu obsolète avec l’arrivée du numérique. Les cinémas diffusent maintenant les films en fichiers numériques, les fameux DCP.
Les Cabanes de cinéma :
– 2006 : La Cabane de l’échec/de cinéma, avec son film Les Créatures (1966).
– 2012 : My Shack of Cinema, la cabane de Lions Love (… and Lies) (1969).
– 2018 : La Serre du Bonheur (film de 1965).
Et en 2022, nous avons donc fait construire la cabane du film de Sans toit ni loi, d’après les plans et la maquette créés par Agnès en 2017.
Agnès a également conçu quatre maquettes : de La Cabane de l’échec/de cinéma, de La Serre du Bonheur, de La Tente de Sans toit ni loi et du Bateau de La Pointe Courte (pas encore réalisée en grande version). Toutes sont montrées à la Villa Domergue. »