Née en Hongrie en 1924, installée en France depuis plus de 70 ans, Vera Molnar est une figure incontournable de l’abstraction géométrique dans laquelle elle s’inscrit depuis la fin des années 1940.
Dans les années 1950, à Paris, Vera Molnar fréquente les artistes de l’avant-garde parisienne comme Auguste Herbin, Jesús Rafael Soto, Georges
Vantongerloo ou encore Sonia Delaunay.
En 1957, elle lie une amitié profonde et déterminante pour elle avec François Morellet. Trois ans plus tard, c’est à Max Bill qu’elle doit sa première exposition de groupe en 1960 à Zurich. Vera Molnar est fascinée par un art fait de mathématique et de géométrie, soit un art mesurable,
quantifiable, contrôlable, qui la rapproche fondamentalement des principes de l’art concret.
L’artiste a pourtant su déjouer rapidement les carcans d’une abstraction trop rigoureuse et systématique.
Grâce à la découverte de l’ordinateur au tout début des années 1960, elle introduit « 1 % de désordre » dans son travail le libérant ainsi de toute forme d’enfermement.
Pionnière dans le domaine des arts numériques, Vera Molnar conjugue séries et combinatoires.
À l’aide de règles simples, les motifs sériés se répètent, se décalent, s’altèrent. Lignes, formes, courbes, entrelacs, couleurs se déploient ainsi à l’infini, sur de multiples supports. Depuis les travaux réalisés avec sa « machine imaginaire » entre 1960 et 1968, puis ceux réalisés avec l’ordinateur des laboratoires Bull à Paris jusqu’aux dernières oeuvres dans lesquelles s’établit un véritable jeu de reconstruction entre
l’ordinateur et l’artiste, l’exposition proposée à l’eac. met en avant cette relation étroite qu’entretient Vera Molnar avec l’ordinateur par laquelle elle ne cesse d’interroger le « voir ».
Ainsi c’est bien le rôle précurseur joué par Vera Molnar dans l’apparition et le développement de l’art informatique qui est mis en perspective dans le parcours de l’exposition.
Proche de Pierre Barbaud, membre du groupe « Art et Informatique » à l’Institut esthétique des sciences de l’art à Paris, co-créatrice du « Molnart », un des premiers programmes de génération d’images, Vera Molnar place depuis 1968 l’ordinateur au centre de sa création. La vitesse et l’exhaustivité permises par la puissance de calcul de la machine font naître d’infimes et infinies variations, comme autant de réflexions sur la complexité et la variabilité de la perception.
Commissariat : Fabienne Grasser-Fulchéri, directrice de l’eac.
assistée de Claire Spada, régisseuse chargée de la collection Albers-Honegger
Galerie du Château