Une salle du rez-de-chaussée du musée, sis dans l’ancien prieuré des abbés de Lérins, seigneurs de Vallauris du XI au XVIII siècle, a été spécialement aménagée pour accueillir cet ensemble de 16 créations uniques et les donner à voir aux visiteurs, curieux et initiés.
Ceux-ci pourront apprécier au travers de ces pièces dédicacées le lien
incontestable de confiance et de respect entre Picasso et celle qui lui a ouvert les portes de son atelier et lui a permis de réaliser un corpus très conséquent d’oeuvres en céramique, partie intégrante de son Oeuvre.
Au-delà d’un témoignage d’amitié, ces pièces permettront d’explorer plus avant les relations entre les deux artistes. Des photographies d’Edward Quinn prises dans l’atelier Madoura complèteront cette présentation, en réincarnant cette fertile complicité.
Sous le nom de « Salle Suzanne et Georges Ramié » ce nouvel accrochage permanent sera officiellement inauguré le 22 octobre prochain.
Entre 1947 et 1971, Pablo Picasso produit un ensemble conséquent de céramiques, estimé entre trois mille cinq cent et quatre mille pièces uniques, toutes réalisées à Vallauris, dans l’atelier Madoura.
Alors que l’industrie potière de Vallauris traverse une crise dans les années 1930 et que de nombreux ateliers traditionnels sont à l’abandon, Suzanne Ramié, dessinatrice de formation, reprend une ancienne fabrique et y installe son atelier.
Lorsque Georges Ramié, son époux, la rejoint, l’atelier prend le nom de MADOURA, acronyme de MAison, DOuly (nom de jeune fille de Suzanne), RAmié. L’atelier se fait très vite remarquer.
Après la fin de la guerre, d’autres jeunes gens commencent à s’installer à Vallauris et l’exposition Poteries, Fleurs, Parfums dans la coopérative agricole de la ville, le Nérolium est relancée afin de promouvoir ces nouvelles créations. Cette exposition reçoit la visite de Picasso alors en vacances à Golfe-Juan ; il se rend à l’atelier Madoura et modèle trois pièces. L’été suivant, à nouveau en vacances à Golfe-Juan, il retourne à l’atelier Madoura et constate que les époux Ramié ont pris soin de faire cuire ses pièces. Dès lors, Picasso s’installe dans l’atelier et commence son étonnante et riche production céramique. De nombreuses raisons, à la fois artistique, culturelle et personnelle, peuvent expliquer l’intérêt de Picasso pour la céramique.
Au-delà de ce contexte, il y a l’atelier Madoura en lui-même et les
ressources qu’il offre à commencer par le talent de Suzanne Ramié : la finesse de son trait de dessinatrice et sa capacité à réinterpréter et moderniser des formes traditionnelles joue un rôle certainement déterminant dans ce choix de la céramique. Le répertoire de Suzanne Ramié va ainsi devenir un support essentiel aux explorations plastiques de Picasso.