Quelle époque ! Entre vivre ad vitam æternam avec une peau de bébé et des gambettes de 20 ans, et une société vérolée par l’appât du gain et les multiples tentations qu’elle suscite, il y a la politique du plaisir : celui de plaire et de séduire.
Aurélie Filipetti est une séduisante ministre de la culture qui sous ce mot d’ordre "La culture est un vecteur de lutte contre les inégalités" va jusqu’à inciter des associations caritatives à monter des visites commentées d’expositions. Ce qui en soi est une excellente initiative. Mais là où le bât blesse, c’est que, selon elle, il est hors de question de remettre en cause le "professionnalisme" des vigiles ayant opéré à l’expulsion "persuasive" de la dite famille au fumet quelque peu incommodant.
Hé oui ! Quand à 12 ans on défèque dans son pantalon, dixit la version du musée d’après les yeux et les nez avisés de ses vigiles "expérimentés" qui, outre l’odeur, ont remarqué une drôle de tache sur le derrière du jeune garçon, il semble vital pour la belle Aurélie de préserver l’exemplarité du personnel du musée, la dignité de la famille et le confort des visiteurs. Bien entendu, du côté de ATD-Quart Monde, on nie en bloc. La direction aurait même évoqué de porter plainte pour "discrimination sociale" persuadée dit-elle que "cela se serait passé autrement avec une famille ordinaire". Ce qui en l’occurrence, ce couple et leur progéniture étaient censés représenter puisqu’ils n’ont ni demandé la gratuité accordée aux personnes démunies ni souhaité bénéficier de l’accompagnement proposé par l’établissement pour les publics précaires. Sans doute un sursaut de dignité à vouloir passer pour un visiteur lambda et non un démuni qui défie la misère sociale en quémandant son petit brin d’évasion artistique. Si l’information s’avérait exacte, ce besoin de dignité aurait-il ôté toute lucidité aux parents d’emmener leur mouflet aux toilettes afin qu’il se torche le derrière ? Dans le cas contraire je m’en tiendrais à cette citation de Paul Léautaud "Si l’argent n’a pas d’odeur, la pauvreté en a une".