Directrice de la danse à l’Opéra de Paris depuis 1995, Brigitte Lefèvre a quitté ses fonctions en novembre 2014 pour devenir, cette année et en 2017, la directrice artistique du Festival de danse de Cannes pour lequel elle souhaite une dynamique vivante et mouvante dans les créations chorégraphiques.
La Compagnie Nationale de Danse de Corée ouvre le Festival avec « Vortex », une chorégraphie du Finlandais Tero Saarinen. Intuition, inspiration, transparence et spiritualité sont les mots clés qui animent les danseurs dont les mouvements s’accélèrent en tourbillonnant sur une musique en live. Réunies au cours d’une même soirée, deux chorégraphes majeures de la danse contemporaine, Michèle Noiret et Catherine Diverrès, ont choisi, chacune à sa manière, le thème des souvenirs qui s’inscrivent dans le corps. La mémoire et la course du temps ont inspiré « Palimpseste » pour l’une et « Dentro » pour l’autre.
« Viadanse » est une récente création de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux pour le CCN de Franche-Comté à Belfort. En mouvements fluides et flottants créés par une sorte de nage lente, huit danseurs se laisseront emporter dans des flots imaginaires sur une musique originale de Peter von Poehl, star du post-rock suédois.
Le Ballet de l’Opéra de Lyon, une des plus célèbres compagnies européennes, propose une soirée exceptionnelle avec trois chorégraphies de Jiri Kylian offrant une danse émouvante en hommage à une danseuse défunte. Ce maître de la danse convoque le rêve dans la vie, sur des musiques du XVIIe au XXe siècles, passant de Pergolèse et Vivaldi dans « Bella Figura » à Schoenberg et Dvorak dans « Heart’s Labyrinth ». Une telle diversité permettra à l’imagination de chacun de voyager, du moins dans le temps. Trente-cinq danseurs de quatorze nationalités différentes du Ballet du Capitole interprèteront « La Bête et la Belle ». Cette chorégraphie de Kader Belarbi revisite le célèbre conte de fées en mêlant humains et animaux pour exprimer les désirs enfouis en chacun.
La trop rare Compagnie Deborah Colker présentera, pour la première fois en France, « Tatyana » une adaptation d’« Eugène Onéguine », le célèbre roman de Pouchkine. Danse classique et contemporaine se mêlent tout autant que les musiques de Tchaïkovski, Prokofiev et Rachmaninov s’assemblent aux sons synthétiques contemporains de Berna Ceppas. Quoique le chorégraphe Johan Inger soit Suédois, la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne reste fidèle à la culture de son pays et à son sang chaud avec « Carmen ». Femme libre et audacieuse elle correspond bien au monde d’aujourd’hui.
Quelques spectacles ont été coproduits par le Festival de danse de Cannes : ainsi, sous la direction de Christian Rizzo pour le Centre Chorégraphique National de Montpellier, « Ad Noctum » est un hommage à l’obscurité où se rejoignent, dans un univers sonore, l’ombre, le double et la douceur nocturne, thèmes chers au chorégraphe, avec des images de synthèse et un environnement électronique. Dirigé par Josette Baïz, le Groupe Grenade se compose de très jeunes danseurs pleins d’énergie pour raconter l’histoire de la danse au cours des 30 dernières années.
Voulant prouver que la marche est à l’origine de cet art, la Compagnie Hiatus propose une réflexion chorégraphique sur son rythme bien réglé, accompagnée d’une musique chargée de poésie dadaïste que produit un paysage sonore en live. En création mondiale, la Compagnie Hervé Koubi offrira une rêverie, inspirée par les peuples de la mer, sur les origines méditerranéennes de notre civilisation.
Confiée à Eric Oberdorff, une plate-forme Studiotrade présentera trois compagnies pour refléter la diversité de la scène européenne, l’une venue d’Irlande, une autre de Finlande et la troisième des Pays-Bas. Eric Oberdorff propose lui-même « Tsunemasa », une de ses toutes nouvelles créations.
L’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris, enfin, viendra présenter un éventail de son répertoire et de son enseignement, au cours d’une démonstration faite par deux classes de première division dans le grand Auditorium du Palais des Festivals, tandis qu’à l’Espace Mimont un colloque est prévu (les 20, 21 et 22 novembre) afin de favoriser les échanges et les rencontres artistiques.
Un programme très complet, très riche et très tentant !