Ce drame intemporel est interprété par dix danseurs dans un ingénieux clair-obscur créé par Pascal Laajili : les éclairages ajoutent une forte émotion à ce magnifique spectacle de danse, particulièrement dans de superbes contre-jours.
Ici, c’est le corps qui parle et son langage - tout aussi éloquent que la parole, dit Blanca Li, – est essentiel, surtout pour dire l’indicible et les non-dits de l’émotion.
Traité dans « l’Eneide » de Virgile, Didon, reine de Carthage portant le deuil de son mari, se met à aimer Enée, ce qui lui est interdit.
D’abord sans musique, dans le silence, une danseuse se déplace et virevolte avec des mouvements fantaisistes qui semblent même être désordonnés. Et soudain la musique s’envole très haut, forte et ample. Les danseurs sont totalement en adéquation avec elle.
Blanca Li choisit une interprétation chorégraphique et plastique d’une audace incroyable !
Le langage des corps domine le récit pour présenter une œuvre sublime, à la fois sensible et intense et d’une puissante innovation nourrissant le livret. Le choix de chaque mouvement est alors subtilement imaginé et choisi par la chorégraphe.
Les magnifiques et ingénieux éclairages de Pascal Laajili ajoutent davantage encore à l’atmosphère magique et intime, complétant, en s’y opposant, la puissance de la musique. Les costumes, signés Laurent Mercier, sont sobres, classiques.
Un tapis mouillé permet aux danseurs d’incroyables glissades, ce qui n’a pas été évident à mettre en place, paraît-il. Mais le résultat est fascinant et merveilleux.
Pour cela, chaque étape de la danse a été créée indépendamment avant de réunir ensuite le tout. Ce qui concerne l’eau sur scène, sous forme d’une fine pellicule, elle n’a pu se joindre au spectacle qu’en dernier, car cela a demandé de multiples recherches et de nombreux essais et mises au point.
Caroline Boudet-Lefort