Vingt-sept compagnies sont invitées à présenter leurs plus récentes chorégraphies, parmi lesquelles des créations inédites ou quelques pièces emblématiques de leur répertoire.
Outre les spectacles de danse, sont également annoncés des débats, des rencontres et des échanges avec chorégraphes, danseurs, pédagogues et chercheurs, ce qui, bien évidemment, ne peut qu’être très enrichissant !
Des projections de films sur la danse sont aussi programmées soit au Palais des Festivals de Cannes, soit au Cinéma Cineum à Cannes-la-Bocca : les séances sont gratuites, sauf pour « Savety Last », film datant de 1923 signé Harold Lloyd : une rareté, un bijou !
Autour de la programmation de spectacles de danse, le Festival propose aussi un séminaire sur la transmission d’un processus de création chorégraphique permettant un parcours de découverte de cet art.
Au Palais des Festivals de Cannes, un atelier de danse permettra d’apprendre à être spectateur d’une oeuvre de danse. Et des masters classes seront ouvertes aux danseurs de niveaux intermédiaires.
Les jeunes seront à l’honneur au cours de ce Festival ! Issus d’écoles de danse, ils s’annoncent déjà comme les futurs professionnels chorégraphiques : ils seront d’autant plus chouchoutés !
Le programme
Il est d’ores et déjà possible d’admirer le programme des splendides spectacles qui se dérouleront pour la plupart au Palais de Festivals de Cannes ou au Palais Stéphanie !
Conçue avec le compositeur britannique de musique électronique Koreless, « Into the Hairy » est une pièce pour sept interprètes proposée par le chorégraphe israélien Sharon Eyal dont c’est la première venue au Festival.
Une nouvelle création de Thierry Malandain pour le Ballet de Biarritz, sur la musique des « Quatre saisons » de Vivaldi et les « Quatre saisons de l’année » composées par Giovanni Antonio Guido, contemporain et compatriote de Vivaldi. Pari fort audacieux que de réunir ces deux compositions qui célèbrent fort différemment la même nature !
C’est une première mondiale à Cannes, avec l’Orchestre Royal de Versailles dirigé par Stefan Plewniak et avec un décor et des costumes de Jorge Gallardo.
Au théâtre de La Licorne, c’est avec une mystérieuse chimie de mouvements que les huit interprètes de la Cie Mouvimento explorent, dans « Volutes », les rapports entre sensible, musique et danse.
Pour invoquer la résilience d’un peuple maltraité par l’Histoire, la Cie Nationale de danse contemporaine de Norvège invite à faire communauté dans Birget, non seulement terrain d’expression de la créativité, mais aussi lieu d’engagement d’artistes sur les questions sociales en interrogeant l’héritage colonial. Une expérience sensible et délicate servie par 13 excellents interprètes, ainsi que par la chorégraphie d’Elle Sofe Sara et la scénographie de Joar Nango, tous deux d’origine Sami.
Lumineuse et ardente, Paula Comitre est la nouvelle étoile montante du flamenco. Elle a été sacrée « Révélation 2020 » ! Sous le signe de l’allégorie, elle propose, avec la danseuse contemporaine Lorena Nogal, une dialectique à deux corps où s’opposent leurs personnalités et leurs gestuelles fort différentes. C’est « Alegorias (el limite y sus mapas) » !
En confrontant l’ouvrage de Pétrarque « L’ascension du Mont Ventoux » à la situation mondiale actuelle, le Collectif KOR’SIA offre une création engagée « Mont Ventoux » où des harmonies de la Renaissance se mêlent à des sonorités électroniques pour mêler humanisme et nature.
A nouveau du cirque d’aujourd’hui en fusion avec la danse, « Solus amor » du Recirquel, cirque danse » qui exprime les différents aspects de l’amour dans un spectacle aérien d’une incroyable beauté, parait-il.
Le Ballet du Grand Théâtre de Genève est actuellement dirigé par Sidi Larbi Cherkaoui. Il propose une reprise de « Skid », pièce onirique où 18 interprètes virtuoses jouent avec la gravité sur un plateau incliné. Alors que dans « Vïa », création chorégraphiée par Fouad Boussouf, les danseurs évoluent au sol comme pour des danses urbaines ou sur la terre africaine.
En association avec le compositeur live et et plasticien Grégoire Korganow, la Compagnie Amala Dianor questionne la place de nouvelles esthétiques dans des communautés underground en faisant un spectacle « Dub ».
Thomas Lebrun propose une pièce chorégraphique fort étrange. Titrée « Sous les fleurs », elle est inspirée par une coutume mexicaine pour laquelle il a dû faire appel à un anthropologue, Elle réunit des danseurs et à un comédien- chanteur pour révéler cette évocation, située entre réalisme et onirisme, par la Cie de Tours.
A Anthéa- Théâtre d’Antibes, la Trisha Brown Dance Company propose deux pièces emblématiques de la grande chorégraphe Trisha Brown à l’incessant et révolutionnaire esprit d’innovation : « For M.G. : The Movie » et « Working Tittle ». S’ajoute « Création 23 » du chorégraphe Noé Soulier, jeune directeur du Cndc-Angers.
Au TNN (salle des Franciscains), deux interprètes venus du cirque, Alexander Vantournhout et Axel Guérin interprètent, avec humour, leurs différences de proportions et de puissance physique. Equilibre et harmonie sont au rendez-vous.
A Mougins, sur la Scène 55, le Magnificat de Bach se mêle à des notes électroniques d’Angelos Liaros Copola pour une danse toute en fougue et énergie décuplées dans « Magnifiques, une éphémère éternité » que Michel Kélemenis a chorégraphiée pour de jeunes et dynamiques interprètes.
A Mougins encore, toujours sur la Scène 55, deux étranges clowns réveillent l’enfant resté tapi en chacun de nous, dans « Salle des fêtes » : un duo chorégraphié par la Cie Philippe Saire.
Au Théâtre de Grasse, la Compagnie Michèle Noiret offre la surprise d’une chorégraphie sur le danger de la disparition des insectes, avec deux interprètes et deux smartphones, dans « L’oeil, l’oreille et le lieu ».
A Fréjus (Théâtre du Forum), la Cie David Coria, maître de la danse flamenca, présente « Los Bailes Robados » d’une théâtralité revendiquée pour cet art ancestral de l’Andalousie et qui n’a jamais rien perdu de sa vitalité !
A Draguignan, B. Dance propose dans « Alice » un surprenant mélange de styles de danse d’Asie de l’Est et de danse contemporaine occidentale grâce au chorégraphe taïwanais Po-Cheng Tsai qui offre une véritable exploration de l’âme humaine avec une impeccable maîtrise technique.
Voilà donc un Festival qui propose, dans toute la région, un programme très riche et très diversifié qui devrait satisfaire un très large public piaffant déjà d’impatience !
Caroline Boudet-Lefort