O’Carolan fut un des dernier bardes, ce n’est pas de l’exhumation d’un harpiste aveugle oublié qu’il s’agit, les Chieftains, pour ne citer qu’eux, l’ont déjà popularisé à leur manière.
?« J’ai beaucoup de plaisir à jouer ces mélodies, et comme l’auteur ne nous a laissé que des lignes mélodiques dépourvues d’indications, on peut les traiter sous des angles différents » commente Pascal Bournet. Il a arrangé et harmonisé vingt cinq titres dans l’esprit gaélique traditionnel et baroque que O’Carolan lui même ne renierait pas.
Si de nombreux pubs irlandais portent le nom de O’Carolan, c’est davantage à la musique joyeuse et légère du barde aveugle qu’à la bière qu’il faut renvoyer l’hommage. Car, parvenue jusqu’à nous au point de figurer comme une sorte d’emblème irlandais, elle habite et nourrit l’inspiration de plusieurs catégories de musiciens. Les mélodies de O’Carolan nous sont transmises par de nombreux interprètes par la guitare celtique ou la harpe. Des groupes traditionnels très populaires - Les Chieftains - ou de folk rock comme Les Pogues les dépoussièrent en les interprétant dans un rythme beaucoup plus rapide.
Sans doute le premier à hisser ses couleurs dans le champ de la musique dite « savante », Pascal Bournet cisèle les arrangements de chaque mélodie en s’appuyant sur ses connaissances en musique baroque.
Allant jusqu’à s’en inspirer dans deux compositions – avec son frère Patrick - qu’on dirait authentiquement estampillées O’Carolan : Marilor Dream et Lough Meelagh.
Le matériel sonore rend justice aux airs baroques, solos, duos, trios utilisant les différents timbres des guitares basse, classique et piccolo guitare. Par exemple le titre Sir Arthur Saen est interprété par deux petites guitares sopranos, de manière à créer une illusion de harpe celtique. Un pur enchantement que ce florilège d’airs interprétés par des musiciens virtuoses !
Depuis son premier disque enregistré en 2000 (O’Carolan The Irish bard avait décroché les quatre F de Télérama) le nom de Pascal Bournet a toujours conservé sa cote auprès des mélomanes et dans la presse spécialisée, et on attend avec curiosité chaque sortie. Carolan n’est pas la seule source de son inspiration, mais il y revient toujours, non sans suivre les méandres de la planète guitaristique dans de nombreux aspects parfois inattendus. Impressions Latines, d’Afrique du Nord incursions dans le désert nomade, ragtime, au retour aux mélodies italiennes et baroques, à l’Amérique du Sud, à l’Asie, à la Chine, à l’Inde, au jazz avec John Mac Laughlin et Astor Piazzola, au tango. On a l’impression que son instrument est un point de synthèse de toutes sortes de musiques, ancienne, traditionnelle, classique, ou jazz. Jusqu’aux mélodies chinoises, jusqu’aux chants des Indiens d’Amazonie, jusqu’à ceux des oiseaux !
La présentation du CD est très bien faite, on lit sur la pochette cette exergue :« musique irlandaise pour le monde d’aujourd’hui », et c’est bien de cela dont il s’agit.
Enfin la pochette contient un petit livret qui nous éclaire beaucoup sur la vie de ce personnage hors du commun qu’était O’Carolan. La parution de Wanderring With Carolan est un petit événement qui fera le doux bruit de mélodies irlandaises magnifiquement interprétées, avec soin, finesse, virtuosité, élégance.