Lauréat du concours de la reine Elisabeth, le plus difficile au monde, Aurélien Pascal jouera dimanche.
Ce sera sa deuxième ou troisième apparition en France, après le concours prestigieux qui l’a distingué il y a seulement une dizaine de jours.
Son emploi du temps n’étant pas encore trop chargé, il a pu accepter la proposition de son ami Boris Blanco, le directeur artistique des Instants : nous donner une opportunité d’écouter l’étoile montante du violoncelle mondial ! Car ensuite on se doute bien qu’il sera plus difficile de le faire venir à Grasse ou ailleurs.
C’est donc un retour très attendu de ces trois soirées consacrées à la musique de chambre.
Des interprètes de grande valeur avaient inauguré la première édition il y a un an. Elle s’était déroulée dans de parfaites conditions, dans les jardins de la villa Fragonard au cœur de la Cité des Parfums, et se produira au même endroit cette année.
Le festival se développe en deux temps.
Les concert programmés vendredi, samedi et dimanche à 21 heures seront précédés par des apéritifs musicaux gratuits à 18 heures dans la cour d’honneur de l’Hôtel de ville. Une part de l’événement a également été réservée aux élèves du Conservatoire de Grasse : ils ont une place aux côtés des grands, lors d’un concert qu’ils donneront le 24 juin à 16 heures.
Car autour de Boris Blanco, leur tout jeune directeur, se rangent ses amis les plus talentueux du paysage de la musique française et à peu près du même âge : l’altiste Raphaël Jardin, les violoncellistes Volodia Van Keulen et Justine Métral, les pianistes Théo Foucheneret et Josquin Otal dont c’est le retour. La violoniste Camille Fonteneau et l’altiste Issey Nadaud participent pour la première fois. Ce sont tous des musiciens issus du Conservatoire Supérieur de Paris, qui représentent la génération montante de la musique.
Ils souhaitent développer à l’avenir les liens entre la littérature et la musique. Ils se sont appuyés pour cela sur le roman de Stephan Zweig « Le Monde d’hier ». C’était un écrivain passionné de musique, qui admirait Malher pour lequel il a écrit poèmes et articles. Il vouait une telle admiration à Beethoven qu’il avait fait l’acquisition du bureau sur lequel le compositeur a écrit ses plus belles pages, et c’était aussi un grand ami de Richard Strauss.
En tournant ces belles pages de Beethoven, Brahms, Fauré, Debussy, Dvorak et Wagner c’est un portrait de la musique du début XXe que ces interprètes ont l’ambition de dresser.
Nous nous contenterons humblement d’apprécier à leur valeur les pièces pour ensemble à cordes, et avec l’ajout d’un piano pour la soirée d’ouverture. Les deux quatuors et le trio à cordes avec piano ont été choisis parce qu’ils ont été composés alors que Strauss, Mahler, et Brahms n’avaient pas beaucoup plus de vingt ans. Ils montrent déjà beaucoup de maturité dans le raffinement et sont en rapport avec l’âge des interprètes, et avec leur maîtrise instrumentale.
Cette soirée d’ouverture a son importance. Elle risque même de provoquer une brûlante curiosité pour assister aux suivantes !
Parmi lesquelles on notera, au hasard et par exemple, le très floral sextuor dit du Printemps de Brahms, le prélude à l’Après Midi d’un faune de Claude Debussy dans une version pour quintette avec piano, le révolutionnaire Prélude und Liebestod dans Tristan et Iseult dans une version pour quintette avec piano et pour finir la soirée du samedi dans une note, disons plus populaire, le quatuor avec piano opus 87 n° 2 de Dvorak.
Maintenant qu’il fait beau et que la saison des festivals reprend, pourquoi ne pas commencer par les Instants de Grasse qui portent si bien leur nom…
Annick Manbon ? ?