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Fin de cet événement Octobre 2014 - Date du 29 octobre 2014 au 29 octobre 2014

Funambule

Grand Corps Malade sera en concert à Monaco le mercredi 29 octobre à l’Opéra Garnier pour présenter son dernier album Funambule.

Après une première incursion réussie en littérature, retour au slam

À l’écoute des douze titres qui composent ce nouvel album très attendu, les mots sonnent à l’oreille comme une évidence : Grand Corps Malade est un artiste de la langue, son style lumineux et précis atteint aujourd’hui sa pleine maturité. L’auteur cisèle ses chansons comme des petites pierres précieuses – à chacune ses beautés et ses feux. Pas si surprenant quand on se souvient qu’à l’automne 2012, c’est l’écrivain qui créait la surprise avec l’immense succès en librairie de son premier texte en prose.

Patients, largement plébiscité par les lecteurs (près de 130 000 exemplaires) et célébré par la critique littéraire. Funambule, c’est l’art de raconter des histoires au scénario abouti et en 4 minutes chrono : « Au théâtre » ouvre l’album sur une musique rythmée de Charlie N’Guyen, et file la métaphore de la vie à l’échelle d’une tragédie classique en cinq actes ; « La traversée », en duo avec Francis Cabrel, composée par Ours, suit la ligne du soleil et les courbes de la plus belle fille duvillage. « Francis a aimé le texte et accepté de le chanter avec moi, raconte Fabien. Une première fois lors des Rencontres d’Astaffort 2012, puis pour l’album. C’est une grande fierté car c’est rare que cet artiste chante des chansons écrites par d’autres. »
Dans un genre différent, « Le bout du tunnel » relate l’incroyable histoire de Laurent Jacqua, un ancien braqueur qui a passé près de vingt-cinq ans à l’ombre, rencontré à la prison de Poissy à l’occasion d’un concert et devenu un ami.

Funambule, c’est aussi l’art de jouer avec les syllabes et les sonorités.

« J’ai mis des mots », morceau qui groove, avec la participation de l’harmoniciste Fred Yonnet, fait la part belle à la forme, faussement technique, assurément poétique
– « J’ai mis des mots ; J’émeus des gens ; J’émets des voeux jamais urgents ; J’ai mis de moi ; j’ai mis de vous ; Des émois de nos rendez-vous… » – à l’instar des titres « Les lignes de la main » (longtemps slamé a capella lors des concerts) et « Tant que les gens font l’amour » (une chanson ludique et joyeuse sur les nouvelles formes de la séduction amoureuse).
Si « Course contre la honte » est un texte à la tonalité plus politique, il interpelle surtout par la vive émotion que suscitent le constat inquiet du « P’tit frère », « L’ami châtaigne » – « On va tout droit vers la défaite dans cette course contre la honte » – et la foi envers et contre tout d’un « tonton » Richard Bohringer éblouissant d’humanité. Ce petit bijou qui oscille entre désarroi et espérance – « P’tit frère, on va le reconstruire ce monde (…) On va rien lâcher, on va rester grouper » – est servi par une mélodie belle et lancinante où soudain jaillissent des rythmes et des choeurs.

Grand Corps Malade Crédit photo Julien Mignot

Une évolution musicale vers le hip-hop et le beat

« La voix de Fabien reste le plus bel instrument de l’album », selon Ibrahim Maalouf. Il a raison : reconnaissable entre toutes, la voix de Grand Corps Malade est pleine de graves ; elle émerge naturellement, tout en justesse, dans cet album baigné de percussions et de basses. Pour la réalisation de cet opus, Fabien a su s’entourer d’un de ses meilleurs partenaires avec le trompettiste Ibrahim Maalouf, rencontré en
2011 sur la scène de l’Académie Fratellini, à Saint-Denis, à l’occasion d’une adaptation musicale du célèbre conte de Lewis Caroll (livret et narration d’Oxmo Puccino). Les deux artistes s’apprécient depuis longtemps, ils se reconnaissent ; s’impose l’envie de travailler ensemble. Leur collaboration débute avec « Le manège », un joli texte sur le temps qui pousse, qui passe et qui repart. Ibrahim en compose la musique « en toute liberté » – seule exigence du slameur : « rythme » et « synchronie » avec les mots. Le résultat est admirable si bien qu’Ibrahim finit par composer la majeure partie des chansons. « C’est la première fois que je réalise et compose tout un album pour un artiste. Je n’ai pas honoré une commande ou une mission, j’ai travaillé Funambule comme n’importe quelle autre de mes oeuvres. Et j’en suis tout aussi fier. »

Funambule se démarque des trois précédents albums en affichant cette fois une couleur hip-hop, avec du son, du beat, du groove. « Fabien souhaitait rythmer plus fortement ses morceaux. Ma priorité, c’était donc de trouver l’atmosphère, le beat qui collait le mieux à l’esprit de ses textes, la mélodie, les instruments, les arrangements viendraient à la suite. »

La méthode est efficace : « Le manège », « Funambule » et « J’ai mis des mots » sont des exemples réussis ; « Pause », à la musique très épurée, est sûrement le plus emblématique de cette évolution. « Ibrahim Maalouf a une belle identité musicale et je recherchais quelqu’un qui me bouscule dans mes envies, qui me propose des idées. J’ai décidé de lui faire confiance pour les premiers jets. Ensuite, nous avons peaufiné tous les morceaux dans une parfaite interaction. »

Funambule offre aussi quelques titres acoustiques, plus tendres et aux arrangements
délicats, tels « Les cinq sens » enregistré en live et en une prise avec Ibrahim à la
trompette et au piano, ou le sublimissime « Te manquer », le grand coup de coeur de cet album, chanté avec la Franco-camerounaise Sandra Nkaké, « révélation instrumentale française de l’année (prix Franck Ténot) » aux Victoires du Jazz 2012.

« La voix de Sandra est grave et suave, elle est chaude, elle épouse parfaitement le texte qui parle d’une rupture mais où il y a encore plein d’amour. » Une chanson singulière cousue de regrets et de velours, aux émotions universelles.

Enfin, et de son propre aveu, Funambule, titre de l’oeuvre et d’une des chansons phares, correspondrait parfaitement à l’artiste et à l’homme aujourd’hui qui évolue dans le monde tel un équilibriste (« Entre bitume et tapis rouge, j’ai slalomé de part en part ; J’côtoie la dech et l’opulence, j’apprends à faire le grand écart… »).
Cette figure virtuose éclaire aussi l’osmose entre deux artistes aux talents complémentaires, qui en plaçant leurs exigences très haut, ont fait de Funambule son meilleur album.

mercredi 29 octobre à l’Opéra Garnier à Monaco (20h30).

Artiste(s)

Grand Corps Malade

Grand Corps Malade, de son vrai nom Fabien Marsaud, est né en 1977 sous le soleil de la Seine-Saint- Denis. Son premier album, Midi 20, publié en 2006, s’écoule à plus de 700 000 exemplaires ; il est sacré double-disque de platine et remporte deux Victoires de la musique (« l’album révélation » (…)

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