Notre terre a la réputation – justifiée - d’être celle des festivals. Il en fleurit partout. Certains restent timidement à l’ombre des grands, sans que leur qualité en soit moindre pour autant. C’est le cas de Mélomania, un rendez-vous de musique de chambre qui s’engage dans sa sixième édition. Il se déroule dans la chapelle du Brusc à Chateauneuf près de Grasse.
Un festival que les mélomanes, curieux de découvrir des jeunes talents avant qu’il ne soient inaccessibles ou des musiciens déjà auréolés d’un succès d’estime, feraient bien de fréquenter. Car le programme, proposé par des amateurs au noble sens du terme, est bâti avec un soin particulier et rserve de belles surprises.
Le quatuor vocal Eyas Eye-2-Eye ose la tradition et l’originalité, entre romantisme et humour, lyrisme et drame. Ses chanteurs évoluent sans partition, et leur récital relève autant du spectacle que du concert proprement dit. Le 7 août.
Deuxième rendez-vous, avec le guitariste Pascal Bournet O’Carolan et la violoniste Corinne Brasseux. Ces deux concertistes ont été distingués par de nombreux prix. Le dernier CD de Pascal Bournet s’est vu attribuer les quatre « FFFF » de Télérama pour ses arrangements de mélodies irlandaises sauvées de l’oubli par la tradition orale. Pour l’interprète, cette incursion réussie dans la musique ancienne fait suite à une belle carrière dans le jazz ! Les mélodies du barde O’Carolan évoquent la lande gaélique où on croit parfois entendre la harpe celtique, mêlées à des thèmes baroques. Le 11 août.
Le quatuor Aragon réunit les meilleurs musiciens de sa génération, tous jeunes. Les violonistes Boris Blanco et Alexandre Pascal sont armés d’une solide référence, formés dans la classe d’Olivier Charlier. L’altiste Raphaël Jardin est issu du CNSM de Paris, il a travaillé avec les quatuors Ysaye, Talich et Debussy. Le violoncelliste Alexis Derouin est également élève du CNSM de Paris. Tous jouent sur des instruments du 18ème siècle, le violoncelliste détenant un instrument façonné par Frank Ravatin de réputation internationnale. A leur programme : Webern, Borodine et Debussy. Le 11 août.
Nicole Tamestit et Pierre Bouyet vont clôturer Mélomania sur leurs instruments d’époque, le violon et le piano forte, en offrant un voyage musical de Mozart à Beethoven. On dit d’eux qu’ils font « des miracles de poésie, d’intelligence partagée et de sensibilité accordée, Ils suivent avec allégresse et sensibilité les déliés avec un sens de la ligne et de la pulsation qui n’a rien à envier à Goldberg/Lupu (Decca), voire Grumiaux/Haskil, dans une interprétation moderne”. (Revue Diapason). Le 13 août.
Annick CHEVALIER
