« Winter Break » ne dément pas la règle : il s’agit seulement de trois laissés-pour-compte le soir de Noël 1970 où ils sont tenus de rester cloîtrés dans un prestigieux pensionnat du Massachusetts.
Le premier Angus (Dominic Sessa), un élève dont les parents estiment avoir mieux à faire qu’à s’occuper de lui : il est donc coincé à l’internat. Le deuxième, Mr Hunham (Paul Giamantti) - surnommé « Neunoeil » à cause d’un problème de vue - est le professeur des civilisations antiques. Et, enfin, en 3e, la cuisinière en chef de l’école, une femme noire qui vient de perdre son fils à la guerre au Vietnam et, si elle ne sombre pas, c’est bien grâce au whisky qu’elle ingurgite sans cesse.
La confrontation entre le prof’ et l’élève n’est pas toujours facile, mais ils vont s’amadouer peu à peu, et un lien se noue au point d’un sacrifice de la part du prof’ pour éviter au jeune garçon une vie gâchée par une pension militaire. S’il avait des rêves de Grèce, comme dans les textes de Socrate ou de Platon, ne serait-ce pas le moment de les réaliser ?
L’émotion est là et parfois le rire aussi… Le film nous conduit sur des terrains surprenants : d’un hôpital psy à un réveillon familial où les trois « abandonnés » seront invités.
Certes, l’élève est mordant, avec la parole et l’insulte faciles, et il ne s’en prive pas, mais ce grand dégingandé nous est pourtant sympathique. Comme ce « prof que personne n’aime », et qui devient cependant de plus en plus attachant et de même que la cuisinière dont on mesure les souffrances.
Le prof’, aussi antipathique soit-il, a du cœur et il est touché de voir que, par égoïsme, ce jeune n’a aucune famille pour l’accueillir le soir de Noël. Il faut dire qu’il est magistralement interprété par l’excellent Paul Giamatti, repéré ici et là. Mais les autres comédiens sont également excellents et le jeune Dominic Sessa est à suivre dans ses futurs rôles.
C’est la fin des vacances, élèves et professeurs reviennent ! Angus reste, mais Neunoeil part !
Sans aucun pathos, ni manipulation, Alexander Payne procure, grâce à ce film, une grande émotion à chaque spectateur.
Caroline Boudet-Lefort