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CRITIQUE CINEMA : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu - Par Robert Ceresola pour Art Côte d’Azur

Actuellement en salle, Woody Allen ; opus 44.

Amour, sexe, rire et trahisons, tels sont les ingrédients du cocktail habituel que nous concocte Woody Allen, la plupart du temps avec bonheur, et ce depuis son tout premier film, "Lily la tigresse" en 1966.
Néanmoins, pour son 44ème film : "You will meet a tall dark stranger", le mélange ne prend pas.
Le Maître semble absent ou trop paresseux.
La mixture est sans saveur.

Sans que ce film, à la distribution illustre, (notamment Anthony Hopkins, Naomi Watts, Antonio Banderas et Gemma Jones) ne se regarde avec déplaisir, le spectateur a cependant la désagréable impression que le cinéaste, un des derniers grands maîtres vivants du cinéma mondial, qui a prouvé tant de fois le génie dont il pouvait être capable (Manhattan, Annie Hall, Husbands and wives, La rose pourpre du Caire...) et encore dernièrement avec "Whatever works" s’est ici contenté de ficeler distraitement un petit film une nouvelle fois réalisé en Grande Bretagne (film de commande ?) en appliquant les recettes habituelles qui ont fait son succès.

En l’occurrence, une situation courtelinesque : un mari (Anthony Hopkins) usé et fatigué de son épouse (Gemma Jones) après quarante ans de mariage, qui s’encanaille dans les bras d’une ravissante et stupide bimbo (excellente Lucy Punch) pendant que l’épouse délaissée va consulter une voyante et que s’installe un chassé-croisé amoureux entre certains protagonistes du film dont le charismatique Antonio Banderas, l’ensemble conduisant à une situation typiquement burlesque.

La recette est bien connue et Woody Allen l’a souvent illustrée par le passé, par des scènes à l’humour hautement ravageur, agrémentées de dialogues étincelants.

Rien de tout cela ici, à quelques exceptions près, alors même que la notoriété toujours plus grandissante du Maître, lui permet désormais de tourner avec des acteurs "Stradivarius" qui, à eux seuls valent, il est vrai, le déplacement.

Il n’est donc absolument pas interdit d’aller voir le nouvel opus allenien, même s’il semble avoir été réalisé par un de ses épigones et à des fins strictement commerciales.

Les spectateurs les moins inconditionnels de grand Woody Allen y trouveront, sans nul doute, un divertissement léger et plaisant.

Les autres, déçus, impatients et fébriles, retiendront comme nous leurs éloges pour le prochain film du grand Maître vieillissant.

(dr)

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