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En salles : "Un fils" De Mehdi M. Barsaoui

Programmé brièvement juste avant la fermeture des salles de cinéma, « Un fils » est un talentueux premier long-métrage du jeune Tunisien Mehdi M. Barsaoui. Il est heureusement revenu sur les écrans à leur réouverture. Et vous pouvez le voir par exemple au Mercury à Nice ou à la MJC à Cannes.

L’histoire se passe dans la Tunisie de 2011, quelques mois après la révolution et la chute de Ben Ali, mais avant la mise à mort en octobre de Khadafi, le leader de la Libye voisine. Sans que le film ne soit politique, on peut voir que c’est une période de grande tension dans le pays, ce qui influence le déroulement d’événements intimes.

Lors d’une virée vers le Sud, la voiture où voyagent un couple et son fils d’une dizaine d’années tombe sur une embuscade terroriste : l’enfant est touché par une balle perdue. Pour le sauver, une greffe du foie est nécessaire. Son père se porte aussitôt volontaire, mais tout se complique....
Il faut dire que ce père adore son fils, ce qui est prouvé dans une belle scène d’ouverture où il lui donne le volant, comme si symboliquement il le laissait conduire, et même diriger sa vie.
On voit aussi le couple dans une vie confortable plutôt aisée, privilégiée dans ce pays alors opprimé. Un pays où l’adultère est passible de prison, sinon de torture et de mort, et où le don d’organes reste exceptionnel, sous certaines conditions rigides.

Ainsi sans être politique, le film montre combien la vie sociale d’un pays influence la vie familiale et les rapports d’un couple dans son intimité.

La fierté masculine d’avoir un fils semble gouverner la vie de ce père et la dominer davantage que la relation de son couple qui paraît avoir une bonne entente, sans domination ni tyrannie. Cependant, de multiples petits détails prouvent que sa place de père supplante sa place de mari blessé dans son orgueil. L’histoire n’en est que plus intense, surtout que le spectateur va de surprises en surprises.
Le film ne traite pas simplement de la paternité, de la question de la filiation ou des liens du sang. Il parle aussi de la maternité et de l’adultère, tout en évitant de tomber dans le mélo, aidé par de nombreuses ellipses narratives que tout spectateur peut combler à sa guise, quoique tout s’enchaîne de façon très claire.
« Un fils » garde une fin ouverte avec seulement un échange de regards qui en dit long et qui donne de l’espoir quant à l’avenir de cette famille. Mais, seront-ils libérés des non-dits et des blessures faites dans leur passé ? Un poison se serait-il glissé dans leur relation ? Cheminera-t-il à bas bruit ?

Les comédiens sont exceptionnels, tant Sami Bouajila que Najla Ben Abdallah. Ils interprètent tout en nuances leurs personnages et provoquent une grande émotion.

L’excellent premier long-métrage de Mehdi M. Barsaoui est sorti à l’international, grâce à sa sélection à la dernière Mostra de Venise, où Sami Bouajila a obtenu le prix d’interprétation masculine dans la section Orrizonti.
Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : Najla Ben Abdallah, Sami Bouajila |Copyright Jour2fête

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