Le trentième anniversaire était un excellent prétexte pour donner une ampleur supplémentaire à cette manifestation, alors que de la mort du cinéma italien est sans cesse annoncée.
Pour donner de l’ampleur à cet anniversaire, les organisateurs de ces Journées avaient tout d’abord envisagé une rétrospective des grands maîtres d’antan comme Fellini, Visconti, Antonioni et tutti quanti, mais, refusant toute nostalgie, ils ont choisi au contraire de donner place au jeune cinéma émergent.
Cependant une soirée en l’honneur Fellini est prévue avec la programmation de « Qu’il est étrange de s’appeler Federico », le tendre et bel hommage rendu au Maestro par Ettore Scola. Ce dernier se souvient avec émotion de leur jeunesse ensemble et de leurs virées d’insomniaques faites de balades en voiture la nuit dans Rome, leur ville chérie. Tous leurs potes (Mastroianni, Gassman, Tognazzi...) sont avec eux pour une grande farandole digne de 8 et1/2.
Un autre insolite et passionnant hommage au passé a été donné lors de la soirée d’ouverture de ces Journées. Dix jeunes cinéastes renommés ont réalisé un film collectif, « 9x10 Novanta » pour les 90 ans de l’Instituto Luce Cinecitta qui, pour l’occasion, avait mis à leur disposition leurs images d’archives afin de retracer l’histoire de l’Italie de 1924 à 2014. Ce film de montage, original et déconcertant, a permis d’augurer de la sélection des oeuvres à découvrir au cours des 49 projections programmées.
Aujourd’hui, l’arrivée d’une nouvelle génération de réalisateurs s’impose avec des films forts réussis qui souffrent d’être mis en comparaison avec de cinéma du passé, alors qu’il faut les regarder sans référence à une époque révolue et voir leurs talents en accord avec notre époque et avec la production actuelle.
Ces jeunes cinéastes viennent de toutes les provinces d’Italie, de la région turinoise jusqu’à Palerme en Sicile en passant par Rome, Naples et les Pouilles. Même la Sardaigne est représentée par un film « ovni » sur une musique électro « La Légende de Kaspar Hauser » de Davide Manuli.
Avec « La première neige », Andrea Segre poursuit son thème de prédilection commencé dans « La petite Venise » en montrant, toujours avec la même sensibilité, les difficultés d’intégration des émigrés.
Le récent film de Ivano De Matteo, « Nos enfants » est à conseiller à ceux qui ne l’ont pas encore vu : il interroge chacun d’entre nous sur notre capacité à composer avec la loi s’il s’agit de protéger notre propre enfant. Devenu célèbre dès son premier film en 1992, « Mort d’un mathématicien napolitain », Mario Martone présente aujourd’hui en avant-première « Il Giovane Favoloso », une biographie très réussie du grand poète Italien Giacomo Leopardi. Un film en costumes à la Visconti.
Premier documentaire à remporter le Lion d’Or à la Mostra de Venise (2013), « Sacro Gra » de Gianfranco Rosi montre avec humour les habitants proches du GRA (Grande Raccordo Anulare), le périphérique qui entoure Rome. Aussi insolites soient ces personnages - d’un naturel confondant qu’aucun acteur ne peut obtenir - le film méritait-il la récompense suprême ?
« C’est la faute de Freud » est une petite comédie à l’italienne dont Paolo Genovese est spécialiste. Il a su malicieusement utiliser le nom du père de la psychanalyse pour attirer le public !
Cinq premiers films sont programmés !
Giuseppe Bonito a réalisé « Puce n’est pas là » sur l’histoire d’une petite fille autiste. Les services sociaux – obtus et kafkaïens – l’ont retirée à ses parents qui devront se battre avec tout leur amour pour parvenir à la récupérer. Très bien interprété, ce sujet grave est plombé par une certaine lourdeur. Premier film de l’humoriste transalpin Pif, « La mafia tue seulement en été » nous arrive avec l’aura de son immense succès en Italie : sur toile de fond d’actions de la mafia sicilienne, un jeune garçon cherche à faire la conquête d’une copine de classe. Fabio Mollo s’attaque aux non-dits familiaux dans « Le Sud n’est rien » où un univers de silence et de prières bloque l’entrée dans l’âge adulte d’une adolescente bouleversée par la disparition de son frère. Dans « J’arrête quand je veux », excellente comédie au rythme enlevé et aux répliques qui font mouche, le jeune Sydney Sibilia aborde avec humour les problèmes de débouchés pour les jeunes diplômés tenus de faire preuve d’imagination.
Enfin le film de clôture, programmé pour une unique projection le samedi 28 mars, est un docu-fiction : « Il faudrait un miracle » de Davide Minnella. L’action se situe dans les Pouilles où un miracle est attendu !
Ainsi sont en compétition, pour le Prix du public et le Prix d’un Jury Jeune, 13 films dont 8 inédits et une avant-première.
Une exposition de superbes photos de tournage de grands films italiens a été réalisée par Antonio Maraldi.
Le jeune public n’a pas été oublié avec un film d’animation à leur intention et un spectacle « Girotondo », une ronde enfantine créée pour les tout-petits.
L’histoire d’amour entre l’Italie et le cinéma n’est pas prête de se terminer !