Obligé de quitter Paris pour cause de risque d’un règlement de comptes, un jeune rappeur accepte d’accompagner le père de son producteur, un peintre amateur qui veut rendre hommage à son maître, Joseph Vernet. Ce dernier est l’auteur de marines représentant divers ports de France, une commande du roi Louis XV. Aussi l’artiste du dimanche décide-t-il de retourner dans toutes ces mêmes villes portuaires de France pour les peindre à son tour. En fait, il s’agit de sillonner toutes les routes du pays du Nord au Sud.
Le road–movie hexagonal réunit donc un peintre, ancien ouvrier, veuf d’un certain âge plutôt beauf raciste, à un jeune idéaliste fou-fou auquel il donne les rôles de chauffeur et de porteur de son matériel de peintre (chevalet, palette, boîte de peinture...).
Le rappeur, coupé de son univers musical, n’apprécie pas la combine, même si cela l’arrange bien d’être momentanément éloigné de Paris dans des endroits introuvables (de Dieppe à Marseille, en passant par La Rochelle et Sète...)
D’abord hostile l’un à l’autre, une authentique amitié se développe peu à peu entre les deux énergumènes que pourtant tout sépare, et d’abord leur culture musicale et visuelle (l’un a le regard d’un peintre, l’autre se soucie de filmer sur son portable). Cependant - comme de bien entendu ! - une passerelle sera lancée entre leurs deux univers. Les différences s’estompent progressivement, les écarts se rapprochent et les silences s’interrompent... Pas toujours au mieux. Ils se lancent d’abord quelques vannes, puis finissent par s’apprécier mutuellement et comprendre que, différents ou pas, tous deux sont français.
Le film est sympa, sans prétention, et sans jugement de valeur sur les personnages sur lesquels le réalisateur porte un regard bienveillant.
Si Sadek est meilleur rappeur que comédien, Gérard Depardieu est au mieux de sa forme. Cependant, on se demande s’il ne pourrait pas tourner dans des films plus à la hauteur de son prestigieux talent (comme Cyrano, dans le temps !) ?
Après « Rengaine » déjà sélectionné il y a quatre ans à la Quinzaine des Réalisateurs où il fut très remarqué, « Tour de France » est le deuxième long-métrage de Rachid Djaïdani à avoir été présenté à Cannes, avec Gérard Depardieu dans un « show » insolite sur scène pour ajouter un supplément au film. Etait-ce nécessaire ? Cette balade à la française se suffit dans sa simplicité et son authenticité à faire un film plus qu’appréciable.