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TNN - Les parents terribles, de Jean Cocteau

Adaptation, mise en scène et scénographie de Christophe Perton

Le temps passe et Michel a grandi ! Il n’est plus un enfant, mais sa mère ne le voit pas. Pour elle il est toujours un enfant, son enfant qu’elle veut garder pour elle en mère étouffante qu’elle est depuis sa naissance. A 22 ans, on veut prendre son envol, aller vers d’autres nids, partir des bras qui vous retiennent telles des griffes abusives et vous étouffent dans leur confort.

Comment quitter cette « roulotte » comme appelle leur appartement bourgeois toute cette famille, le père Georges, la mère Yvonne - que son fils appelle Sophie en hommage à la lecture de la Comtesse de Ségur -, la tante Léo et le fils Michel qui, pour la première fois, n’est pas rentré de la nuit. Il aspire à une certaine indépendance et surtout il a rencontré Madeleine dont il est follement amoureux. Il a « découché » et c’est un drame ! Cette absence d’une nuit va déclencher une tempête familiale et une crise si profonde qu’elle sera irrémédiable pour la mère qui se meurt de chagrin...

Tel est le vaudeville que Jean Cocteau a écrit en 1938 et qui ne s’écrirait sans doute plus ainsi à l’époque des téléphones portables et de la liberté juvénile. Quoique... Les mères possessives, dévorantes, existeront toujours.

DR Comite Cocteau

Yvonne a une relation fusionnelle avec son fils dont elle se réclame d’être la « camarade  » pour justifier illusoirement sa trop grande proximité. «  Michel est un bébé ! » dit-elle pour ne pas l’avoir vu grandir et déployer ses ailes pour s’envoler. Et elle le retient à coups de chantages à sa santé.

La pièce est très bien montée au TNN dans une adaptation et une mise en scène de Christophe Perton, qui signe également la scénographie avec des changements de décors faits sur scène par des hommes masqués sur une musique parfois envahissante pour accentuer le suspens. Les coups de théâtre se succèdent et chacun surprend les spectateurs autant que les personnages.

Muriel Mayette-Holtz interprète à la perfection la mère dévorante à l’amour exclusif. Elle se déchaîne sur scène et pousse des cris viscéraux telle une lionne à laquelle on tenterait d’arracher son lionceau. Elle domine une très bonne distribution où elle est entourée de Maria de Meideros en tante Léo restant toujours impeccable avec son autorité délicate et digne pour mieux tirer les ficelles de chaque situation. C’est elle qui restera maîtresse du jeu de cette tragédie bourgeoise, où patauge Charles Berling, dans le rôle du mari avide d’une jeunesse que représente la juvénile Lola Créton, candide devenue objet de manipulation. Le célèbre acteur joue avec Emile Berling, son fils dans la vie - et sur scène donc - qui fait impeccablement le job du naïf, sans retrouver cependant la candeur lumineuse de Jean Marais lors de la création théâtrale (et au cinéma dans le film que Jean Cocteau réalisa lui-même en 1948).

Tous les personnages disent sur un ton emphatique l’expression «  C’est incroyable ! » qui revient sans cesse chacun l’ayant emprunté à l’autre et sans doute à l’origine à Madeleine, cette crédule jeune fille que la mère imagine en « vieille à cheveux jaunes  » parce qu’elle a trois ans de plus que son fils. La vieillesse est la préoccupation des parents soudain «  bousculés » par l’indépendance de leur fils. Les mensonges s’accumulent du début à la fin sous prétexte de protéger l’autre, mais mentir n’est jamais la bonne solution.

Sous forme de vaudeville comique sur l’amour maternel trop envahissant et avec une mécanique diabolique de dialogues qui font des ravages, ce spectacle est tout à fait réjouissant !

Caroline Boudet-Lefort

Pour réserver c’est par là

LES PARENTS TERRIBLES
du 01 au 03/10/2020
SALLE PIERRE BRASSEUR
Placement libre
jeudi 01/10/2020
19:30 de 10.00 à 20.00 €
vendredi 02/10/2020
20:00 de 10.00 à 20.00 €
samedi 03/10/2020
15:00 de 10.00 à 20.00 €

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