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« The Brutalist », de Brady Corbet

Le film est un événement, un monument, autant par sa longueur (plus de 3 heures et demie) que par l’ampleur de son sujet : un faux biopic du à l’exploration en profondeur de l’imaginaire américain dialoguant avec la culture européenne.

Le personnage principal est un rescapé de la Shoah, ancien étudiant du Bauhaus (école d’art importante à Berlin sur l’évolution des techniques modernes) - qui doit construire en béton (alors un tout nouveau matériau) un grand Centre communautaire avec gymnase, bibliothèque, église, etc, sur le terrain d’un millionnaire qui s’est entiché du talent de cet architecte – un juif revenu miraculeusement des camps de concentration

Après toutes les épreuves subies : la Shoah, un voyage invraisemblable jusqu’en Pennsylvanie, la vie de misère dans la rue, et toute une accumulation d’épreuves dues aux circonstances autant qu’aux personnes rencontrées qui bien souvent l’humilient - ce projet architectural est donc un imprévisible miracle qui se manifeste pour cet architecte !
Sa femme (maintenant en fauteuil roulant suite à la malnutrition) et sa nièce vont pouvoir le rejoindre dans cette nouvelle vie confortable et même brillante.

Toute en profondeur, l’interprétation du personnage principal est due à Adrien Brody (« Le pianiste » de Roman Polanski, 2002), idéal de bout en bout, dans la souffrance comme dans le confort. Mais les autres interprètes sont tout aussi excellents : Felicity Jones dans le rôle de sa femme, Isaach de Bankolé, ancien compagnon de galère, à qui il fournit du travail, Guy Pearce en commanditaire suffisant et parfois violent,…

Avec une multitude d’audaces, cette plongée aux racines de la modernité est une réussite magistrale au service d’une vision très personnelle

Ainsi une scène magnifique où l’architecte et son sponsor vont jusqu’à Carrare, en Italie, pour chercher le fameux marbre pour l’édifice en construction.
Stupéfiant visuellement, le film est tellement beau et captivant – par son sujet, par ses images, … - que sa longueur ne gêne pas le spectateur qui s’attache aux personnages comme dans un roman fleuve.
À la fois intime et collectif, « The Brutalist » est fascinant sans être écrasant, d’ailleurs malgré sa durée, il passe comme une lettre à la poste.

Caroline Boudet-Lefort

Sortie en salles 12 février 2025 | 3h 34min | Drame
Photo de Une (détail) Adrien Brody ©Universal Pictures

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