Ce film israélien sur un peuple Bédouin insiste sur le poids des traditions des différentes tribus nomades installées un peu partout au Proche-Orient ; en Israël, elles sont surtout aujourd’hui semi-nomades et résident en Galilée ou dans le désert du Néguev. L’activité agricole bédouine est essentiellement pastorale. Les principaux animaux élevés sont le mouton, la chèvre et le dromadaire. Les tribus ont un cheikh à leur tête. Il reste encore 140 000 bédouins non reconnus par Israël. C’est un peuple polygame ; cette pratique interdite dans l’état d’Israël est tolérée chez les bédouins.
Mais revenons à notre film : Layla fille ainée du premier mariage de son père étudie à l’université et tombe amoureuse d’un jeune homme qui n’appartient pas à sa tribu.
Son père a toujours voulu qu’elle soit autonome et qu’elle sache faire des activités autre que les tâches domestiques qui incombent souvent aux épouses ou aux filles en général ; convaincue de l’ouverture d’esprit de son père, Layla pense qu’elle peut lui présenter le jeune homme et l’intégrer dans la tribu.
Malheureusement il n’en est rien ; entre la mère qui ne supporte pas d’être remplacée par la seconde épouse et qui reporte toute sa rancœur sur sa fille et un père faible qui réprouve le jugement d’autrui et le déshonneur, la jeune fille, ne sait plus comment diriger son destin. Doit-elle épouser l’homme qu’elle aime et être répudiée par sa famille ou au contraire accepter le choix de son père et poursuivre la tradition dont elle est issue ? A-t-elle vraiment le choix ?
Comment oublier une liberté donnée puis reprise ?
Les personnages parlent peu, les regards sont puissants et fiers ; tout le film est construit en retenue. La caméra tourne au ralenti ; le silence est un murmure imprononçable. Le spectateur retient sa colère ou son émotion à travers les yeux de la cadette qui assiste à toutes les scènes qui vont déterminer son destin ; la scène finale avec les barreaux de la fenêtre en dit long sur le devenir de ces femmes. Ont-elles vraiment un avenir malgré une éducation scolaire ? Le cours de leur vie est telle une prison dont on ne s’évade pas. Leur monde est un ordre où la bienveillance n’existe pas.
Le réalisateur nous montre à travers ce long-métrage, que les honneurs et déshonneurs d’un individu sont partagés par sa famille ou sa tribu, et peuvent entraîner de grandes célébrations, ou d’impitoyables représailles.
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