Le PCI - le plus important en Europe - attendra dix ans pour prendre ses distances avec Moscou. C’est « l’avenir radieux » promis alors ! Mais Giovanni découvre que la jeunesse actuelle ignore quasi totalement l’histoire de son pays, tel cet épisode significatif.
Et voilà que surgissent des problèmes d’une autre importance ! Par exemple, la mise en faillite du producteur français (Mathieu Amalric) de son film en cours de tournage. Celui-ci lui propose, pour compenser sa défaillance, de s’adresser à Netflix. Belle occasion pour Nanni Moretti de dire ce qu’il pense des plateformes et ce n’est pas du bien. Tant mieux !
Car, en fait, Nanni Moretti s’invente ce double de fiction pour mieux parler du cinéma d’aujourd’hui aux prises avec les financiers de Netflix et autres plateformes.
Pour lui, afin de conserver au cinéma toute sa magie, c’est la salle avec un grand écran que des spectateurs regardent ensemble.
Invité régulier du Festival de Cannes (Palme d’Or en 2001 pour l’émouvant « La chambre du fils »), Moretti n’a obtenu cette année aucune récompense pour ce film un peu pagaille, mais qui dit beaucoup de choses sur l’évolution du monde actuel. En faisant preuve d’amertume et d’un certain désenchantement, il filme avec une telle jouissance, et en même temps un tel flegme, qu’on le suit allègrement.
Dans « Journal intime » (1993) qui a totalement lancé Nanni Moretti, le cinéaste circulait dans Rome à Vespa, aujourd’hui pour ce nouveau film, « Vers un avenir radieux », c’est à trottinette électrique qu’il se déplace, avec un Mathieu Amalric survolté.
Les moyens de locomotion font preuve de chaque époque !
En suivant plusieurs pistes, le film est un peu en désordre et parfois le spectateur s’y perd, mais qu’importe, on est tellement content d’avoir des nouvelles de Nanni Moretti qu’on prend plaisir à s’égarer dans son magma. Pour finir il nous entraîne avec les circassiens dans une immense parade tout à la fois manifestation politique ! Serait-ce un hommage à Fellini ?
Malgré (ou avec) sa nostalgie, Moretti prouve que le cinéma nous fascine toujours et qu’il continue à nous rendre heureux !
Caroline Boudet-Lefort