« Showing up » signifie l’inauguration pour rendre visible le travail d’un (ou d’une) artiste. Dans ce film, l’artiste c’est Lizzy, Michele Williams, l’actrice fétiche de Kelly Reichardt. Elle prépare sa première exposition individuelle et se confronte aux affres de la création, tout en étant tiraillée par de multiples problèmes du quotidien que la vie a beaucoup d’imagination pour inventer et auxquels il faut bien faire face : que ce soit un oiseau blessé par son chat ou le chauffe-eau qui ne fonctionne plus et dont la propriétaire ne s’occupe pas.
Dans « Showing up », Kelly Reichardt montre les tourments concrets d’une artiste lorsqu’elle crée de l’art.
Ainsi alors que, la plupart du temps, Lizzy garde une expression hostile et fermée, on peut voir combien son visage s’illumine dès qu’elle crée ses oeuvres.
Sculptrice et céramiste, sa création artistique demande à Lizzy beaucoup de concentration, mais elle est tiraillée à tout moment par des choses extérieures à toute créativité et elle a bien des difficultés à se dégager de toutes les difficultés matérielles qui la harcèlent. De plus, par besoin d’argent, elle est obligée d’accepter un travail sans intérêt dans une école d’art, ce qui accapare son temps, mais lui permet de voir l’ambiance d’utopie communautaire qui y règne.
Quelle que soit l’hostilité de l’environnement auquel elle doit se confronter, Lizzy ne perd pas de vue la création de ses oeuvres : de magnifiques danseuses biscornues auxquelles elle parle parfois. Trois artistes ont servi de sources d’inspiration à Kelly Reichardt et on retrouve leurs magnifiques oeuvres dans le film.
La réalisatrice a ancré ses personnages dans leur milieu familial et amical. Pour Lizzy c’est un frère en détresse (John Magaro), un père potier (Judd Hirsch), sa propriétaire et amie (Hong Chau),... Avec un grand besoin de se concentrer pour créer des oeuvres, toutes les interventions - aussi bienveillantes soient-elles - deviennent envahissantes.
Kelly Reichardt s’est fait remarquer par des films où l’amitié tient une place importante de « Old Joy » à « Wendy and Lucy », avant de se lancer dans la mythologie des grands espaces américains avec « La dernière piste » (2008), « Certaines femmes » (2016), et « First Cow » qui a obtenu un grand succès, très mérité. En abordant, avec « Showing up », le thème des tourments de la création artistique, la réalisatrice élargit son choix de sujets abordés.
Caroline Boudet-Lefort