Ces deux trentenaires, amis d’enfance, n’osent pas s’avouer leurs sentiments, mais ce baiser, soi-disant sans importance, a semé le trouble et a visiblement surtout perturbé l’un d’eux.
Après avoir réalisé à Hollywood « Ma vie avec John F. Donovan » (film sans succès en Europe et toujours pas présenté aux Etats-Unis, ni au Canada), Xavier Dolan est revenu au Québec pour tourner en 48 jours ce huitième long-métrage d’une veine plus intimiste qui lui correspond mieux et dont la modestie participe du plaisir à le voir. Affublé d’une tache de vin sur une joue - est-ce la symbolique d’une tache intérieure ? -, il y tient un des deux rôles principaux aux côtés de Gabriel d’Almeida Freitas (l’autre protagoniste de l’amitié amoureuse), et, toujours présente, Anne Dorval dans le rôle d’une mère alcoolique et déjantée.
Car, dix ans après « Mommy », film au succès mérité, il revient toujours à des conflits avec une mère.
Il y ajoute un peu de nostalgie grâce à des amis de jeunesse, vieux copains qui jouent encore, alors même que l’adolescence est dépassée depuis longtemps. Mais cela leur permet d’avoir l’illusion de repousser la vie d’adulte en continuant des fêtes ou des soirées télé en mangeant des pop-corn comme des gamins. A la veille d’un départ pour l’Australie, l’avenir de Maxime reste flou...
L’émotion est absente dans ce film où les effets de style ne semblent pas se renouveler par rapport à ses oeuvres précédentes. L’ex petit prodige du cinéma québécois, qui a aujourd’hui à peine trente ans pour son huitième long-métrage comme cinéaste (il est également comédien dans de nombreux films), a cependant toujours une sensibilité à fleur de peau qui perce dans sa réalisation, mais qui se trouve diluée sans être canalisée à bon escient. Bref, « Matthias et Maxime » laisse un arrière-goût de déception.
L’insistant accent québécois ne facilite pas toujours la compréhension de ce film inférieur, donc, aux oeuvres précédentes de Xavier Dolan. Nous attendons avec d’autant plus d’impatience son prochain film qui, vu son rythme créatif, ne saurait tarder !
Caroline Boudet-Lefort