Employée comme garde d’enfant en vacances en Corse dans une famille parisienne aisée, Kheididja, une quadra black (Aissatou Dialo Sagna), retrouve l’île où elle a vécu, il y a quinze ans. Elle a dû en partir rapidement dans des circonstances tragiques accompagnée de ces deux petites filles avec lesquelles elle revient, alors que, adolescentes, elles sont restées dans l’ignorance du drame qui s’y est passé.
Si Kheididja vit dans ses souvenirs, les deux jeunes filles ne pensent qu’à s’amuser : faire la fête et découvrir l’amour. Cela a entraîné quelques scènes audacieuses qui ont causé bien des problèmes à Catherine Corsini (elle n’avait pas déclaré aux instances adéquates des scènes de sexe impliquant des mineurs....).
À Cannes, une feuille de papier était distribuée à l’entrée de la salle de projection : « Avertissement » pour prévenir de scènes de sexe entre ados et signaler que Thierry Frémaux, délégué général du Festival, avait « décidé d’offrir au film une visibilité majeure en le sélectionnant ».... Mais vraiment : rien à signaler !
Plutôt des problèmes de honte de la classe modeste qui se moque de la bourgeoisie « gauche caviar ». Et la découverte pour ces ados d’une partie dissimulée d’événements restés secrets les concernant durant leur enfance...
En fait, le film n’a rien d’original pour cette histoire de famille, de culpabilité et d’amour et il avance lourdement, sans les qualités de mise en scène habituelles de la réalisatrice et malgré de magnifiques paysages de la Corse.
Aissatou Dialo Sagna, qui travaillait dans un hôpital public, avait joué son rôle d’infirmière d’un service d’urgence dans « La Fracture ». Rôle pour lequel elle avait obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Aussi revient-elle sur l’écran dans ce personnage de mère prise entre culpabilité et responsabilité vis-à-vis de ses deux filles. Elle y est tout autant juste et parfaite et confirme son talent. Mais il faut aussi saluer l’énergie de Suzy Bemba et Esther Gohourou, et celle de Lomane Dietrich, fille du couple de bourgeois.
Caroline Boudet-Lefort