Après quelques images d’archives, on comprend que Jojo vit seul avec sa mère – son père serait sur le front – aussi Jojo s’est-il inventé un ami avec lequel il échange toutes ses pensées. Cet ami idéal, c’est Hitler lui-même, une idole dont, imprégné de la propagande nazie, il est totalement fanatique et pour lequel il serait prêt à donner sa vie.
Quatre-vingt ans après « Le Dictateur » de Charlie Chaplin, Hitler est à nouveau ridiculisé dans « Jojo Rabbit ». Avec une bonne dose d’humour, la comédie peut servir à ironiser sur les régimes dictatoriaux.
Comme l’a fait Charlot, le réalisateur interprète lui-même cet Hitler de pacotille, complètement farfelu et souvent comique. Il nous fait rire fréquemment, même si le fond du film est tragique. Car, n’adhérant en rien à l’idéologie imposée à l’époque, l’affectueuse mère de Jojo (parfaite Scarlett Johansson) cache une jeune adolescente juive que Jojo découvre un jour au grenier. Doit-il la dénoncer ? ou copiner avec cette « petite juive dans le mur » ?
Sans basculer dans le mauvais goût, « Jojo Rabbit » est truffé de gags qui nous font rire, mais sans négliger cependant cette guerre dont le film n’occulte pas le tragique d’alors.
« Pour occuper la journée, on pourrait brûler des livres », propose l’un d’eux à Jojo qui, de son point de vue d’enfant, n’y voit qu’un jeu, sans supposer le pathétique des autodafés. On pense à « La vie est belle » de Roberto Benigni, une comédie tout aussi amusante et dramatique sur l’Holocauste.
Interprété avec justesse par le jeune Roman Griffin, Jojo passe magistralement de l’enthousiasme à la peur et à la répulsion. Il finira par dire à un copain « nous n’avons pas choisi le bon camp ! ». Scarlett Johansson réussit à laisser percer le double jeu de son personnage, sans que rien ne soit dit dans les mots. Ils sont entourés de toute une bande d’excellents acteurs grâce à une co-production allemande et américaine.
En adaptant le roman de Christine Leunens, « Le ciel en cage », le néo-zélandais Taika Waititi a fait preuve de beaucoup d’audace dans une période, où de nouveaux nazis se multiplient, avec haine et intolérance. Empreint d’un humour corrosif, « Jojo Rabbit » est une comédie ironique !
Caroline Boudet-Lefort