Au Danemark, en 1770, la passion secrète entre la reine Caroline Mathilde et le médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation entière. C’est ce que raconte, en costumes d’époque, Royal Affair.
Le jeune roi Christian VII, 21 ans, se complait dans la débauche et délaisse sa femme, la reine Caroline Mathilde. Les ministres, soucieux de sa santé physique et mentale, font venir auprès de lui un médecin allemand Johan Friedrich Struensee. Celui-ci, nourri de Voltaire et Rousseau, aura une influence considérable auprès du jeune monarque. Homme de confiance aux idées novatrices des libres penseurs des Lumières, il saura jouer de son emprise sur l’immature roi Christian VII pour l’inciter à multiplier les décrets : liberté de la presse, réduction du servage, assainissement de Copenhague, suppression de la torture au cheval de bois, vaccination contre la variole,... Cette lutte progressiste contre les pratiques immuables de la monarchie sème la panique chez les dignitaires de la cour qui n’auront de cesse d’éliminer le médecin aux idées d’avant-garde.
Mais ce film n’est pas que l’éternel combat que se livrent les forces du progrès et la tyrannie de la résistance au changement. Mystérieux et séduisant, Struensee devient l’amant de la jeune et ravissante reine délaissée (Alicia Vikander) qui l’avait toujours suivi et approuvé dans ses réformes. Leurs rencontres secrètes et éphémères seront prétexte à suspense, jusqu’à leur perte... Ignorée généralement en France, cette histoire est un classique des manuels scolaires et le sujet de nombreux ouvrages au Danemark, où le film a, d’ailleurs, eu un gros succès. Quoique de facture très classique et avec tous les codes du drame passionnel, Royal Affair est romantique à souhait, plein d’intérêt et de délicatesse.
Le réalisateur Nicolaj Arcel est une figure incontournable au Danemark pour être le scénariste de Millenium, tourné par Niels Arden Oplev (plus un remake réalisé par David Fincher). Tout en respectant les faits historiques existants, il a cependant pris quelques libertés pour pimenter son film, qui a obtenu le prix du meilleur scénario au festival de Berlin, ainsi que l’Ours d’argent pour l’interprétation de Mikkel Boe Folsgaard, révélation inoubliable dans le rôle de Christian VII, aussi bouffon que tragique. Mais le film repose beaucoup sur les épaules de l’acteur caméléon Mads Mikkelsen, au rôle déjà impressionnant dans La Chasse. Il joue tout en ambiguïté ce personnage qui a donné naissance, dans la douleur, à la démocratie au Danemark.