Durant les 2 heures que dure le film, le spectateur ne voit le comédien que dans ce rôle ingrat et muet, car, très perfectionniste, il reste sans cesse totalement absorbé par son travail qu’il accomplit consciencieusement, tout en écoutant de la musique (de Patti Smith à Nina Simone).
Oeuvres d’architecture d’avant-garde, ces toilettes sont d’impeccables cubes en verre transparent qui s’opacifie dès que le verrou est tourné de l’intérieur, afin que l’occupant ne soit pas vu depuis la rue. D’autres toilettes sont circulaires. Bref, ce sont de véritables prototypes d’oeuvres architecturales aux formes diversifiées et très élaborées.
Dans la routine de cet « homme de ménage », les seules aérations sont le temps du déjeuner qu’il avale dans un parc voisin où il va s’asseoir sur un banc.
Alors, tout en mangeant, il admire les arbres alentour que parfois il photographie. Chacun peut alors le sentir en osmose totale avec la nature et semblant satisfait d’une vie simple. Parfois il y retrouve une adolescente guère plus loquace que lui.
De ce personnage quasi muet, on comprendra cependant qu’il a quitté un travail de cadre bien intégré dans la course au profit, pour cette routine qui lui laisse l’esprit libre pour toute méditation. Dès qu’il peut s’échapper de son travail c’est pour lire ou écouter de la musique. Outre rêver ...
Grâce à de multiples petits détails, c’est une ode à la simplicité et aux petits bonheurs...
Finalement cet homme qu’on ne voit que nettoyer des chiottes déjà nickel est un personnage métaphysique.
Il communique avec quelqu’un – mais qui ? – grâce à de petits messages glissés dans un coin secret des diverses toilettes : le spectateur n’en saura pas davantage !
Grand habitué de la compétition cannoise, Wim Wenders a obtenu la Palme d’Or en 1984 pour « Paris Texas » et il a remporté un immense succès avec le merveilleux « Les Ailes du désir » (1987).
Depuis toujours fasciné par le Japon, il a déjà réalisé dans ce pays « Tokyo-Ga », en 1985, sur le grand cinéaste Ozu, et « Carnets de notes sur vêtements et villes » (1989) consacré au couturier japonais Yohji Yamamoto. Dans « Perfect Days », le réalisateur promène son regard avec poésie et tendresse sur son personnage.
Le mois dernier, il a reçu le prix Louis Lumière au cours du Festival de ce nom qui s’est déroulé à Lyon. Bel hommage !
Caroline Boudet-Lefort