Déjà inspiré par cet auteur pour « Affliction » (1997), Paul Schrader raconte cette fois la vie d’un documentariste des années 1960, Leonard Fife (Richard Gere) qui a fuit au Canada afin de ne pas aller combattre au Vietnam.
Pour organiser une interview, ultime témoignage avant de succomber à la maladie qui le condamne, lui-même a fait appel à des documentaristes, anciens élèves, et tout doit se dérouler en présence de sa femme Emma (Uma Thurman), car ce puzzle mental prend des airs de confession.
Il essaie de raconter sa propre histoire et découvre combien la mémoire peut être défaillante ce qui l’entraîne dans une grande liberté narrative selon les différentes périodes de sa vie. Au cours de flash-backs, c’est Jacob Elordi qui l’incarne jeune - !
Alors qu’il a « triché » toute sa vie, il est décidé, cette fois, à affronter la vérité en parlant à tous et tout particulièrement à sa femme.
C’est sa dernière possibilité de le faire et il le sait. Il est donc filmé dans un va-et-vient entre passé et présent. Dans cette sorte de confession, aucune émotion de sa part, ou tellement distanciée qu’elle s’évapore. Serait-ce encore une fuite ?
Paul Schrader avait déjà donné, en 1980, à Richard Gere le rôle principal de « American Gigolo », le film qui a lancé le comédien. Ici, dans cette tortueuse démarche vers l’expiation et sa difficile lutte vers la vérité, l’acteur maintient de bout en bout une certaine ambiguïté qui lui est inhabituelle. Son interprétation est parfaite dans sa recherche de souvenirs et sa mise en scène de soi.
Mais l’image n’est-elle pas toujours incomplète pour examiner la vérité ?
C’est sans doute ce qu’exprime ce film. Entre mémoire défaillante et image imparfaite, le spectateur reste dans un certain doute sur la véracité de cette vie entre ses pistes et ses détours.
Chaque situation peut se voir sous des angles forts différents et c’est bien là l’attrait de ce film, magistralement interprété aussi bien par Richard Gere que par Ema Thurman et Jacob Elordi.
Caroline Boudet-Lefort