Le spectateur s’égare dans de magnifiques paysages à la beauté majestueuse, en suivant une caravane qui accompagne un vieux cheik qui sent sa mort prochaine et désire finir sa vie dans un lieu précis afin d’y être enterré.
En voulant prendre le plus court chemin, ce groupe de cavaliers en burnous sombres se perd dans des montagnes accidentées et doit faire appel à l’aide de deux voyous délurés. L’un d’eux a entendu, dans un taxi, une voix l’enjoindre d’aider une caravane en difficulté dans les montagnes.
On ne sait si ce personnage est naïf ou illuminé par quelque révélation divine (ou diabolique). Cette dualité le rend parfois inquiétant. Avec son innocence maladroite, est-il un saint ou un « idiot »( à la Dostoïevski) ?
Avant d’avoir pu atteindre sa destination, le cheik meurt. Durant un périlleux trajet, sa dépouille sera cependant transportée là où il voulait être inhumé.
A des époques différentes, deux voyages s’imbriquent, créant une confusion nimbée de mystère et d’une part de sacré. Un Maroc contemporain est ainsi mêlé à un monde ancestral porté par un élan quasi mystique. Si le spectateur, un peu perdu, accepte de ne pas tout comprendre de ce film énigmatique dont la parabole garde son opacité, il peut toujours se laisser séduire par la beauté des paysages d’une région peu connue à cause de la difficulté d’accès.
Le tournage a été très difficile dans des lieux parfois accessibles uniquement à dos de mulet, ce qui donne au film un magnifique décor accidenté et abrupt. Le banal voyou (Mohamed Shakib Ben Omar, excellent !) exprime, dans son épopée intérieure, l’homme qui se dépasse lui-même tout en étant dépassé par un grandiose désert minéral.
Après « Vous êtes tous des capitaines », « Mimosas » est le second long-métrage d’un réalisateur franco-espagnol Oliver Laxe. Pour lui, ce conte envoûtant, au souffle épique et mystique, fait partie d’une tradition de romans de chevalerie axés sur la quête de l’éternité, même après la mort.
Bref, un film mystérieux, mélange de western et de film d’aventures qui a décroché le Grand Prix de la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes.