Après avoir purgé un temps en prison - où elle accoucha de leur premier enfant -, elle épousa son jeune amant et ils eurent d’autres enfants…
Leur couple est diversement accepté. C’est la différence d’âge qui fait le drame, alors qu’ils s’aiment, s’entendent bien, et forment une famille archétypale américaine, avec pâtisserie pour elle et barbecue pour lui. Ils sont cependant désignés du doigt. Et même pire : dans leur courrier, ils reçoivent des excréments de chiens, …
Le scénario est écrit d’après une histoire vraie qui fit grand bruit aux Etats-Unis au moment des faits
Même si le temps du scandale est dépassé depuis longtemps, il laisse des traces ineffaçables.
Cette relation inhabituelle, et sulfureuse en apparence, doit donc donner lieu à un film et c’est la jolie et sensible Natalie Portman qui est l’actrice pressentie pour jouer au cinéma cette femme au moment du scandale.
Elle arrive donc dans un chaleureux foyer pour s’approcher de cette famille qui fonctionne fort bien. Elle cherche ainsi à mieux connaître et comprendre celle qu’elle doit interpréter.
Les deux comédiennes sont formidables d’intensité, chacune gardant cependant son identité, mais le sujet du film lui-même se prête à cette identification de l’une par l’autre, quoiqu’elles se soucient avant tout de leurs objectifs personnels. Accomplissant une véritable performance, Nathalie Portman n’oublie pas que son personnage est là dans le but d’un rôle à interpréter, mais cependant elle entre vraiment dans la peau de l’autre, après avoir avalé quantité d’articles de la presse et regardé de multiples archives.
Quant à Julianne Moore, elle est l’actrice favorite - et donc habituelle - de Todd Haynes. Elle est comme toujours inégalable, toujours aussi superbe et attachante.
Le réalisateur aborde aussi le thème du double (à l’instar de « Persona » d’Ingmar Bergman). Il y a un certain effet miroir entre ces deux femmes.
Les films de Todd Haynes sont généralement connus pour être des mélodrames (Loin du Paradis, Carol, …). Celui-ci ne déroge pas à la règle, avec une mise à sac des passions de la bourgeoisie white américaine, entre sourires cannibales et amabilités suffocantes. Ce réalisateur a un talent incomparable pour aborder des sujets sur de personnages mis à la marge en permettant de les accepter tels qu’ils sont, sans donner lieu à des jugements défavorables.
Présenté en compétition au Festival de Cannes, May December est reparti sans que rien ne lui soit attribué au palmarès et c’est vraiment dommage ! Cet excellent film aurait mérité de multiples prix !
Caroline Boudet-Lefort