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Fin de cet événement Novembre 2016 - Date du 19 octobre 2016 au 30 novembre 2016

Mal de pierres de Nicole Garcia

Avec le fidèle Jacques Fieschi pour l’écriture du scénario, Nicole Garcia a adapté pour l’écran le court roman de Milena Agus, « Le mal de pierres », grand succès de librairie il y a quelques années.

Sans le trahir, la réalisatrice a pris des libertés pour se l’approprier en évitant de perdre de vue ce qui fait vibrer dans ce récit qui se déroule sur dix-sept ans. Elle a choisi pour son film le Midi de la France plutôt que l’atmosphère insulaire de la Sardaigne de l’après-guerre où se passait le troublant roman. Une narratrice y racontait l’histoire de sa grand-mère qui, alors qu’elle voulait simplement se libérer des carcans de l’époque, était considérée comme folle.

Tel un brûlot, le désir de cette jeune fille qu’elle est encore au début du film fait peur aux hommes.

Par son ardeur, elle provoque le scandale dans un monde verrouillé dont elle ne pense qu’à faire sauter les verrous. Fiévreuse, elle déborde sans cesse de la réalité pour s’inventer une vie parallèle à celle de femme au foyer à laquelle elle est destinée avec un mariage rangé et un rôle ordinaire de mère de famille. Ainsi, ses parents la marient à un saisonnier espagnol (excellent Alex Brendemühl) qui l’aime mais à qui elle refuse toute sexualité. Envoyée en cure pour soigner son « mal de pierres » (des calculs rénaux), elle y rencontrera cet amour dont elle rêvait en la personne d’un jeune lieutenant fracassé par la guerre d’Indochine (Louis Garrel, idéal dans son rôle).

Le lien entre amour et folie est fort bien représenté dans le film, particulièrement grâce à l’interprétation de Marion Cotillard qui rend vraisemblable son beau et tragique personnage de femme hystérique.

En amoureuse incandescente, elle donne corps avec justesse à cette folle de désir, folle de besoin d’aimer, folle d’une passion absolue qu’elle appelle « la chose principale ». T
out en restant très sobre, l’actrice joue de façon convaincante l’animalité et la possession amoureuse de cette femme considérée comme folle pour désirer vivre intensément, alors qu’elle se sent enterrée vivante. Jamais elle ne renonce à ses rêves qui, tels ceux de Madame Bovary ou d’Adèle H., en font un parfait cas d’hystérie, sans les excès habituellement associés à la représentation de cette pathologie.

Quoique meurtris par ses fantasmes, les hommes autour d’elle – amant et mari – restent courageux.

Les rôles sont parfaitement attribués. Le casting est idéal et accentue le profond romanesque qui se joue entre les trois personnages du trio classique : le mari, la femme et l’amant.

La chimie prend parfaitement. La luminosité colorée de la Provence et les gris et blanc neigeux du Centre de cure en Suisse ajoutent leurs contrastes pour souligner l’atmosphère.

La discrétion de la mise en scène très serrée de Nicole Garcia correspond à celle de l’écriture du court roman de Milena Angus. Trahison ou pas, tel qu’il est, le film - sans doute le meilleur de la réalisatrice - est très attachant et nous poursuit longtemps après l’avoir vu.

Toutes photos de l’article : Copyright Studiocanal
Sortie nationale le 19 Octobre 2016

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