L’histoire véridique de ce couple interracial fit date aux Etats-Unis.
Après avoir accepté de plaider coupables et de partir en exil pour simplement vivre tranquilles, sans faire d’histoires, les Loving vont devenir un cas dès lors que Mildred décide d’écrire au ministre de la Justice, Robert Kennedy, pour dénoncer leur situation et convaincre la Cour Suprême des Etats-Unis de promulguer, en 1967, un arrêt déclarant illégale toute restriction du droit au mariage invoquant la race des conjoints. Il est encore utilisé aujourd’hui. L’histoire des Loving a donc marqué l’Histoire.
Sans être un film dossier démonstratif, mais en se situant auprès des personnages sans cesse inquiets, soumis à une terreur permanente, résignés. Jeff Nichols montre les rapports familiaux et le contexte social de l’Amérique rurale alors raciste.
Mais, comme elle semble le redevenir avec ses lois actuelles, l’intention du film reste d’une brûlante actualité.
Pas de pathos, ni de reconstitution mélodramatique pour une oeuvre à message. C’est l’amour du couple qui est le fil conducteur du film qui n’a pas besoin de s’étendre en discours ou en procès, tout cet aspect est escamoté. Il suffit d’un geste ou d’un regard, ou même d’un silence, pour que tout soit dit grâce au jeu des formidables Joel Edgerton et Ruth Nugga (d’origine éthiopienne). L’évolution des événements se lit sur leurs visages. Tous deux n’auraient pas démérité de prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes.
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Le film est-il trop classique dans sa forme pour avoir retenu l’attention du Jury ?
Le metteur en scène Jeff Nichols a lui-même écrit le scénario de cette émouvante histoire vraie. Il ne nous avait pas habitués à tant de douceur dans ses oeuvres précédentes (« Take Shelter », « Mud, », « Midnight Special »). « Loving » est un film calme et déterminé. Sensible et fluide. Bouleversant aussi, car tout en retenue et en sobriété. Pas besoin d’esbroufe pour dire le droit à la différence et à la mixité. Le film avance tranquillement et laisse le spectateur la gorge nouée.
Caroline Boudet-Lefort