Il refuse la vie terne et ritualisée d’habitudes qui s’annonce pour lui jusqu’à la fin de ses jours et joue le tout pour le tout en voulant juste dérober dans le coffre de la banque ce qu’il estime un minimum indispensable, c‘est-à-dire la somme correspondant au salaire de son travail jusqu’à la retraite.
Ensuite, il se livre à la Police sans révéler où est planqué l’argent. Sans preuves, il est libéré au bout de 3 ans de prison – exactement comme il l’avait estimé d’avance dans son plan - . C’est là qu’un complice lui était indispensable pour cacher l’argent pendant son temps d’incarcération.
À sa sortie, avec la somme d’argent, il choisit alors une vie dans la nature loin de l’univers rigide de la banque. L’argent volé subviendra à leurs besoins, à lui et à son associé dans cette aventure. Un lien se noue entre eux et ils vont rencontrer des adeptes de vie proche de la nature. Aussi se joindront-ils à eux !
Avec quelques pointes de burlesque, ce film de l’Argentin Rodrigo Moreno est tout à fait réjouissant en ne respectant en rien les codes des films de malfrats.
Les deux complices (Daniel Elias et Esteban Bigliardi) ne mèneront pas la « grande vie », et se complairont dans le choix écologique d’une simple vie de campagne avec des gens sympas. Une vie bien plus souhaitable que l’agitation de la ville qui est montrée au début du film.
Ainsi pourront-ils jouir de leur argent tranquillement sans être soupçonnés. Les circonstances soudent l’amitié entre les deux hommes qui n’auront plus la routine envahissante du travail, mais liés par leur vie de « délinquants » pour une voie nouvelle vers la liberté.
Ce sixième long-métrage de Rodrigo Moreno est malicieux en nous montrant quelqu’un de capable de sortir de l’aliénation sociale et de récupérer le temps volé par le travail, afin de vivre selon ses propres goûts.
C’est une approche de la vie rarement prise en compte et qui donne à réfléchir ! En cela, « Los delincuentes » est un film vraiment original qui a d’ailleurs eu un grand succès au dernier festival de Cannes où il était présenté en Sélection Officielle dans la section « Un certain regard » (quoique sa durée de plus de 3 heures ait rebuté certains festivaliers).
Caroline Boudet-Lefort