Janno et Pieter sont jeunes et n’ont pas connu l’apartheid. Janno est sage et réservé, mais semble resté raciste. La mère, très chrétienne, ramène un jour de la ville l’autre adolescent, Pieter, orphelin des rues qu’elle veut sauver de la drogue et autres désastres. Elle demande à son fils de l’aimer comme un frère. Cependant des rapports de rivalité s’installent entre les deux garçons.
Le fils légitime – du moins le croit-il, et il viendra à s’interroger sur cette légitimité – est d’abord fasciné par ce gamin qui a vécu toutes sortes d’expériences imposées par une vie de débrouille, mais il voit en lui le risque de perdre une partie du bien qu’il pense un jour posséder de droit.
Leur relation difficile et tordue est liée aussi à l’attitude de Pieter, fier des expériences qu’il a vécues en habitué d’une vie de rues et de bagarres. Janno, soumis à la religion, oppose sa docilité à la rébellion de Pieter, ce garçon imposé par sa mère.
Entre ces deux frères ennemis, la tension est permanente.
D’autres adolescents se mêlent à ce duo et un voile d’homosexualité flotte sur les relations, sans jamais réellement se manifester. Cela passe dans des regards, des gestes, une violence sourde....
Ce qui frappe le plus dans ce premier long-métrage d’Etienne Kallos, un jeune réalisateur sud-africain d’origine grecque, c’est le poids de la religiosité des habitants de cette région. Au coeur de cette famille agricole, la mère est une véritable bigote qui se réfugie sans cesse dans la prière. D’ailleurs, tous ces fervents catholiques prient et vont à l’église, seul lieu de rencontre, semble-t-il, de ce monde rural.
Les paysages sont splendides, avec les grands espaces d’un pays sauvage.
Les fermiers moissonnent des champs de maïs étendus à perte de vue ou conduisent, à coups de fouet, d’immenses troupeaux dans une nature digne des plus beaux westerns ou des « Moissons du ciel » de Terrence Malick, avec des images lumineuses grâce au talentueux chef opérateur, Michael Englert.
Dans une atmosphère onirique, un danger plane tout au long du film, sans que, entraîné dans diverses pistes, on ne sache lequel. Avec ses paysages magnifiques et ses acteurs impeccables, le film semble peut-être trop parfait, trop appliqué, cela déroute le spectateur.
Caroline Boudet-Lefort