Tout d’abord « Adieu les cons ! » d’Albert Dupontel qui revient après avoir récolté, le 12 mars, une quantité de Césars qu’il n’est pas allé chercher. Virginie Effira y joue une coiffeuse sur le point de mourir, aussi veut-elle retrouver son fils qu’on lui a ôté quand elle avait quinze ans. Albert Dupontel interprète lui-même un spécialiste en électronique comme dans une BD comique, et il est entouré d’une bande d’acteurs genre Pieds Nickelés pour des personnages paumés dans leur solitude. Le film jongle de façon imprévisible avec divers registres comiques provoquant une avalanche de gags burlesques.
« Deux » raconte la relation amoureuse entre deux femmes d’un âge avancé, voisines de palier. L’une a des enfants adultes dans l’ignorance de cette situation., ainsi un tragique événement inattendu va tourner en catastrophe... Deux immenses comédiennes, Martine Chevalier et Barbara Sukowa, interprètent avec tact et sincérité ce film exceptionnel de Filippo Meneghetti.
« Drunk » de Thomas Vinterberg (« Festen » ) s’attarde sur les cuites mémorables d’un prof de lycée (Mads Mikkelsen) avec ses collègues et compagnons de beuveries. L’alcool ragaillardit, c’est bien connu ! Mais à fortes doses, bonjour les dégâts... Avec son indéniable talent, le réalisateur donne à voir ce constat, pour le pire et pour le meilleur.... dans un excellent film.
« Garçon chiffon » est un premier film en tant que réalisateur d’un comédien, funambule rêveur, qui s’est octroyé le rôle principal. Nicolas Maury interprète donc justement un comédien en quête d’un rôle et à la jalousie maladive. Fragilisé par ses échecs amoureux et professionnels, il part en province se ressourcer auprès de sa mère (Nathalie Baye).
Egalement premier film d’un acteur passé à la réalisation, « Falling » où Viggo Mortensen joue lui-même un des deux rôles principaux auprès de Lance Henriksen en père caractériel et conservateur venant chez son fils gay installé avec son compagnon. La relation est explosive entre le père et le fils, quoique ce dernier fasse preuve d’une admirable retenue, habitué des humiliations paternelles depuis l’enfance. La tension est forte, mais l’émotion est trop rare.
Par contre, de l’émotion il y en a tant et plus dans « ADN » de Maïwenn. Le grand-père, pilier de la famille, meurt, et c’est toute la famille qui s’enguirlande autour du cercueil pour les propositions en matière d’obsèques. Des liens familiaux se resserrent ou s’écartent. Règlements de comptes, rancoeurs accumulées ou fous rires nerveux : tout est attrapé au vol sans explication, mais qu’importe : chaque spectateur comblera avec ce que le film évoque de sa propre vie et de ses propres deuils. Fanny Ardant, Marine Vacth, Louis Garrel, Dylan Robert et d’autres donnent le meilleur d’eux-mêmes, tous formidablement dirigés par l’énergie de Maïwenn qu’ils entourent avec talent. Elle-même est fort touchante dans sa quête d’identité et de ses origines algériennes. Cette oeuvre bouleversante, n’est cependant pas dénuée de comique.
Ces trois derniers films sortent auréolés du label « Sélection officielle du Festival de Cannes 2020 ».
Caroline Boudet-Lefort