
Armand, 6 ans, est accusé d’avoir agressé - et peut-être même violé – un copain d’école. Elisabeth, sa mère qui l’élève seule, a donc été convoquée par l’administration de l’établissement, ainsi que d’autres parents.
Dans l’école primaire, vide à la veille des vacances d’été, la réunion commence sous une très haute tension. Armand est reconnu coupable par tous, sauf pour sa mère qui va le défendre et le protéger avec acharnement, d’autant que les faits n’ont rien de certain.
Les échanges verbaux sont tendus, et même virulents. D’un côté, l’administration (représentée par l’institutrice, le directeur, et une secrétaire), à laquelle s’ajoutent divers parents, et de l’autre côté, Elisabeth qu’interprète superbement Renate Reinsve (Prix d’interprétation féminine à Cannes 2021 pour « Julie (en 12 chapitres) » de Joachim Trier).
En fait, on ne voit pratiquement pas les enfants dans ce huis-clos surprenant qui montre une procédure bricolée à la hâte pour satisfaire les parents affolés et pour permettre de maintenir l’impeccable réputation de l’établissement basée sur l’austérité à l’ancienne.
La mère d’Armand prend une place de plus en plus importante, car elle est une comédienne renommée et on la suppose capable de « jouer » sa partition comme ses rôles sur scène qui ne sont que des mensonges.
Mais en fait chacun joue un rôle et compose à loisir !
Tous ces parents se connaissent bien, avec parfois même des liens de parenté plus ou moins éloignés, ce qui ne simplifie pas la situation. Chaque mot prend une charge immense et, finalement le problème concernant les enfants est de moins en moins présent dans ce huis clos.
L’actrice Renate Reinsve est formidable dans tous les registres et passe aisément des larmes au rire – à un moment, elle est même prise d’une crise de fou-rire incontrôlable. Et à un autre moment, elle se met à danser !
En fait, rien n’est classique dans ce film réellement novateur.
Présenté au dernier Festival de Cannes sous le titre « Armand », c’est donc avec ce titre qu’il a obtenu La Caméra d’Or qui récompense un premier film.
Caroline Boudet-Lefort